Le roi Mohammed VI dirige-t-il encore le Maroc ?
Au Maroc, on parle de plus en plus d’un roi constamment absent du pays. Les services officiels du Makhzen imposent le blackout sur les raisons de ces déplacements fréquents de Mohammed VI qu’on dit tantôt en France, tantôt aux Etats-Unis et, plus récemment encore, aux Emirats arabes unis, où il a été filmé dans un grand centre commercial de Dubaï. La rumeur enfle dans ce pays qui peine à faire face à une grave crise économique, étouffée pour l’instant par les milliards de dollars que Rabat emprunte pour essayer de retarder une explosion sociale inévitable. Plusieurs médias marocains prohibés, et édités à partir de l’étranger, disent que le roi Mohammed VI est atteint d’une maladie grave et qu’il est obligé de se soigner dans des hôpitaux étrangers. Des images qui circulent sur Internet le montrent à Paris, où il a séjourné plusieurs mois pour y subir des examens et un traitement lourd. Les dernières informations indiquent qu’il se trouve actuellement dans la capitale émiratie où une vidéo, qui circule également sur la Toile, le montre le visage pâle et la démarche peu sûre. Sa prise de poids depuis plusieurs mois et son visage anormalement enflé sont également le signe d’une thérapie, expliquent des médecins. Ses déplacements fréquents et ses protocoles thérapeutiques lourds font se poser la question de savoir qui dirige le Maroc en son absence et jusqu’à quel degré le pouvoir de décision des autorités marocaines est autonome et indépendant des nombreux pays qui lui accordent des prêts toxiques, donc difficilement remboursables. Dans la famille royale, c’est son frère Moulay Rachid qui joue incontestablement le rôle de «gardien du temple». Mais ce dernier risque, à la longue, de lorgner sur la succession si la situation générale du Maroc venait à se détériorer davantage, estiment des observateurs de la scène politique marocaine. Au sein du Makhzen, le très écouté maître à penser du défunt Hassan II, André Azoulay, est considéré comme la matière grise du Palais et son rôle est loin de se limiter au simple «conseiller du roi». Pratiquement, toutes les décisions importantes prises par ce dernier et par son prédécesseur sont le fruit de sa réflexion, affirment ces mêmes sources. Mais le Maroc étant lourdement endetté et redevable aux monarchies du Golfe et à quelques pays de l’Union européenne – la France en tête – qui couvrent ses atteintes aux droits de l’Homme et, pour certains d’entre eux, participent à l’exploitation illégale des richesses halieutiques du Sahara Occidental, il est évident que le pouvoir de décision lui échappe en partie ou totalement.
Karim Bouali
Comment (33)