Un sénateur français prend la défense du protectorat marocain
Le sénateur français Christian Cambon a déclaré, dans un entretien à l’agence marocaine de presse MAP, que «la France considère les dérapages et les propos blessants et hostiles de l'Algérie à l'égard du Maroc comme absolument inutiles». La France vient ainsi de prendre fait et cause pour le Maroc dans la situation de détérioration des relations entre les deux voisins maghrébins. Certes, la réaction ne vient pas de la France officielle, puisque son gouvernement s’est gardé pour le moment de mettre le pied dans le plat, mais la prise de position vient tout de même du vice-président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées à la deuxième chambre du Parlement français. Si l’on se réfère à ses propos, le sénateur se prononce ouvertement au nom de la France qu’il implique, indirectement. Une sortie qui a de quoi laisser pantois plus d’un. «Nous souhaitons que les propos du président Bouteflika (…) ne viennent pas ralentir la marche de l'UMA vers l'unité et la paix, car nos adversaires communs, les terroristes et les extrémistes attendent ce genre d'incidents pour avancer», ajoute le sénateur français. Celui-ci prend, donc, pour argent comptant les propos manipulés, déformés et attribués par la presse marocaine au président Bouteflika et au ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra. Pourtant, l’Algérie par la voie officielle avait pris le soin de démentir les allégations rapportées par une partie de la presse marocaine. Le sénateur, qui réagissait, dit-on, au rappel par le Maroc de son ambassadeur en Algérie, suite à une prétendue campagne d'hostilités de l'Algérie à l'égard du royaume, se sent obligé d’évoquer le dossier du Sahara Occidental et de rappeler la position de la France sur ce dossier. «Une position, dit-il, bien connue.» Une évidence, diront certains observateurs, puisque pour M. Cambon, l'initiative d'autonomie proposée par le Maroc «est une base de discussion légitime et positive qui doit permettre de faire des progrès» sur la voie du règlement définitif de cette question. Quid du principe d’autodétermination maintes fois martelé par les Nations unies ? Pour la France, il n’y a point d’autre porte de sortie pour le conflit sahraoui que la proposition marocaine. «Il faut explorer cette initiative avec des propos constructifs et non provocateurs, et dialoguer pour trouver les voies de la concertation», a expliqué le sénateur. La France officielle, qui ne voudrait pas d’une brouille avec l’Algérie, envoie au-devant de la scène une personnalité de poids comme rassurer le protectorat d’à côté et son Makhzen aux abois quant à son soutien sans faille. Il est vrai que la présence française en Algérie se réduit à des intérêts purement économiques, contrairement au Maroc où la France «se sent chez elle», comme dirait un journaliste français. Et c’est là toute la différence.
Amine Sadek
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