Il ne fallait pas payer
Par Karim Bouali – L’information sur l'assassinat des deux journalistes français près de Kidal, au Mali, a attristé particulièrement la corporation et rappelé, à tous, les risques de ce métier, souvent aggravés par le comportement des politiques. Le crime odieux a eu lieu alors que les familles de quatre otages français libérés savouraient encore leur joie de les retrouver, sains et saufs. Nous avions, dans ces mêmes colonnes, fait ressortir le caractère grossièrement politicien de la mise en scène organisée, lors du retour des quatre otages libérés, par l’Elysée et relayée par les médias. Il faut se demander si l’enlèvement et l’exécution des deux journalistes français ne constituent pas une façon pour Al-Qaïda de répondre à cette mise en scène. Personne ne connaît exactement la nature de la contrepartie reçue par Al-Qaïda dans la transaction passée avec la France, mais de lourds soupçons pèsent concernant le paiement d’une rançon dont le montant a même été estimé à plus de 20 millions d’euros, livrés par Areva, selon des indiscrétions rapportées par la presse française. Cette thèse a été corroborée implicitement, on le sait, par une déclaration du ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. En assassinant les deux journalistes, immédiatement après la libération des otages, Al-Qaïda a pratiquement envoyé à l’Elysée un message codé que l’on peut traduire par : vous nous payez, on libère vos otages, mais n'en faites pas trop ! Et la France en a, en effet, trop fait. La lutte antiterroriste est une affaire trop sérieuse pour pouvoir s’accommoder de la politique-spectacle, telle que celle à laquelle se sont prêtés les dirigeants français. A force de courir derrière les points dans les sondages en instrumentalisant la libération d'otages, la classe politique française (gauche et droite confondues) met la vie de ses ressortissants en danger et entretient le terrorisme en s'en servant à chaque fois que de besoin. Ce que l'Algérie combat, la France l'alimente.
K. B.
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