Amar Saïdani vit ses dernières heures à la tête du FLN
Les attaques répétées d’Amar Saïdani contre la hiérarchie militaire exacerbent les tensions au FLN. De plus en plus de voix au sein de l’ex-parti unique s’élèvent pour dénoncer les propos de Saïdani, qualifiés d’«intenables» et de «graves». Ces voix ne sont pas toutes structurées dans le mouvement de redressement, dirigé actuellement par Abdelkrim Abada, ni ne font partie du noyau dur resté fidèle à Abderrahmane Belayat, l'ex-coordinateur du bureau politique, éjecté dans le sillage de la réunion du comité central du 29 août dernier, déclarée illégale par le Conseil d’Etat. «Dans cette bataille entre le camp d’Amar Saïdani d’un côté, et l’équipe de Belayat appuyée par les redresseurs, de l’autre, il y a eu beaucoup d’indécis qui ont préféré garder une certaine neutralité. Mais l’acharnement du secrétaire général contre les corps constitués, et plus particulièrement les services de sécurité, les pousse à prendre position et à s’ériger contre Saïdani», précise une source interne au FLN, qui parle d’un tournant dans la crise que vit le parti. Autrement dit, la campagne d’Amar Saïdani contre les services de sécurité s’avère contre-productive en ce sens qu’il commence à se mettre en minorité. «Au FLN, les institutions de l’Etat à tous les niveaux sont sacrées. Il ne faut pas y toucher. S’adonner à des critiques inopportunes, injustes et grossières contre une institution aussi sensible que celle du renseignement stratégique constitue une rupture avec la ligne historique et traditionnelle du FLN. De plus en plus de cadres du parti et de membres du comité central considèrent les propos de Saïdani comme un dangereux dérapage verbal intolérable et qui devient de plus en plus pesant pour le parti», ajoute notre source qui indique que «plus de 70 membres du comité central ont, au cours de ces dernières 24 heures, affiché leur ralliement aux opposants à Saïdani». Ainsi, le camp de Belayat, qui conjugue ses efforts avec le mouvement de redressement chapeauté par Abada, voit ses rangs grossir. Ces cadres s’ajoutent ainsi aux 130 membres du comité central regroupés dimanche dans le cadre d’une réunion qui a été sanctionnée par la mise en place d’une superstructure de coordination de ce qu’on peut désormais appeler «le mouvement anti-Saïdani». Ce dernier, selon notre source, n’a pu, jusqu’à maintenant, convaincre que 120 membres du Comité central de participer à la réunion des 15 et 16 novembre courant. Une réunion déclarée d’ores et déjà comme «illégale» par les opposants à Amar Saïdani qui appellent l’ensemble des membres du comité central à boycotter cette session afin de permettre au FLN de retrouver dans un avenir proche la légalité institutionnelle. Pour les frondeurs, incarnés par à la fois Ababa et Belayat, le FLN est toujours sans secrétaire général depuis l’éviction d’Abdelaziz Belkhadem en janvier 2013. «Amar Saïdani, ajoute-t-on, ne représente que lui-même et ses propos ne peuvent être attribués au FLN dont la philosophie est tout autre que de s’attaquer à des institutions de la République à travers notamment des médias étrangers». Les contestataires du FLN, qui comptent beaucoup sur le recours déposé auprès du Conseil d’Etat, se remettent ainsi en ordre de bataille pour, affirment-ils, «déposer le trublion Saïdani et limiter les dégâts, avant de remettre le parti sur les rails». Ils ne jurent d’ailleurs que par sa tête.
Sonia B.
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