Multiplication des cas de supporters de retour d’Ouagadougou atteints de malaria : une affaire d’Etat ?
Les conséquences sanitaires du déplacement des supporters algériens au Burkina Faso, au mois d’octobre, prennent les contours d’un véritable scandale qui risque d’éclabousser les plus hautes autorités. Les informations qui parviennent des couloirs de l’hôpital El-Kettar où sont isolés plusieurs supporters des Verts sont inquiétantes et renseignent sur la légèreté avec laquelle certains responsables et voyagistes ont traité le déplacement des supporters dans une zone à risque sanitaire. Nous sommes peut-être face à une véritable affaire d’Etat. Il y a eu mort d’homme. Un caméraman de la télévision algérienne a été emporté par la malaria à son retour à Alger. Un autre technicien compte parmi les malades admis à l’hôpital d’El-Kettar. Ces informations ont levé le voile sur cette affaire et font remous au sein de la population. Le nombre de cas qui va en augmentant a-t-il poussé les services spécialisés à ouvrir une enquête ? Les autorités et les différents intervenants dans l'affaire du déplacement d'un millier de supporters algériens au Burkina Faso ont-ils négligé un aspect médical important ? Certes, il a été question de vaccin contre la fièvre jaune et la dengue à l'Institut Pasteur, mais tous les supporters ont-ils été avisés qu'ils devaient suivre un traitement sous forme de comprimés contre le paludisme, la méfloquine ? Le ministère de la Santé doit en urgence prendre les mesures qui s’imposent en convoquant tous les supporters qui ont fait le déplacement au Burkina Faso, pour leur faire subir un examen médical. Jusqu’à présent rien n’a été fait. Ce n'est pas normal. Il faut savoir qu’en plus des vaccins contre la fièvre jaune, un traitement assez lourd est indiqué contre le paludisme sous forme de comprimés. Les journalistes qui ont eu à couvrir des événements en Afrique connaissent bien ce médicament. La contrainte qui peut dissuader certains voyageurs réside dans le fait qu’il faut prendre le traitement avant le départ et le poursuivre après le retour de la zone à risque, pendant plusieurs semaines. Les comprimés sécables peuvent avoir, en général, des effets secondaires insupportables – nausées, vertiges, mélancolie, voire des envies suicidaires, ce qui pourrait avoir aussi découragé certains de poursuivre le traitement. Les consignes sanitaires recommandent également d’éviter les piqûres de moustiques, qui transmettent le paludisme, en se protégeant avec des vêtements couvrants et de la citronnelle, car le traitement n’est pas un vaccin totalement immunisant. Ces précautions, le ministère de la Jeunesse et des Sports et celui de la Santé devaient absolument les communiquer aux jeunes supporters pour leur expliquer les dangers du déplacement, malgré l’euphorie et l’excitation du départ. La qualification à la Coupe du monde est un objectif sportif qui est poursuivi aussi pour ses dividendes politiques. La nouvelle de la maladie de nombreux supporters, à Alger et dans d’autres villes, risque d’anéantir bien des efforts si les autorités se retrouvent suite à ce scandale au banc des accusés.
Meriem Sassi
Comment (18)