Un officier marocain confirme : le Maroc lâché par l’Occident
Un officier supérieur marocain à la retraite, le colonel Mohamed Mellouki, a reconnu de manière explicite, dans une contribution publiée par les médias marocains, l’isolement dans lequel se trouve actuellement son pays du fait de son lâchage par ceux qui étaient considérés jusque-là comme ses alliés, au niveau international, dans le dossier du Sahara Occidental. L’officier s’est, en effet, montré très critique à l’égard du gouvernement marocain dont les membres, notamment le ministre des Affaires étrangères, suggère-t-il, se sont endormis sur leurs lauriers en pensant, à tort, que le soutien de certaines puissances au royaume allait durer. «J’avais l’amère impression que l’Etat avait complètement disjoncté du sommet du gouvernement à la base de la pyramide étatique, et en premier lieu le ministère des Affaires étrangères. Il me semblait, en effet, évident que ce département bottait en touche en ressassant le sempiternel refrain des relations séculaires et privilégiées avec les Etats-Unis comme acquis diplomatique nous épargnant toute inquiétude – et désagréable surprise – sur le dossier saharien», relève-t-il, rappelant qu’il avait mis en garde auparavant contre tout excès de confiance dans les Etats-Unis et les pays européens. Il appelle son pays à se méfier de «certains pays européens dont les représentants nous cassent les oreilles avec leurs éloges sur la nature de notre système politique, notre sage approche des problèmes sociaux, et tous les tutti quanti diplomatiques, et nous assurent de leur amitié, mais nous poignardent dans le dos sur la question saharienne». L’analyse du colonel et son jugement péremptoire à propos de la position des Etats-Unis et des Européens par rapport à la question du Sahara Occidental démontrent on ne peut mieux l’isolement presque total du Maroc dans ce dossier. «Je fus davantage conforté dans cette pensée depuis que l’administration Obama a démontré dans la crise égyptienne qu’elle était capable de s’allier avec le diable pour des intérêts immédiats ou tout simplement par bêtise, et foncer les yeux fermés dans la plus fantasque aventure que se refuserait d’endosser même un débile», confie l’officier marocain qui affirme avoir été surpris par le fameux discours du roi Mohammed VI, le 11 octobre dernier, lorsque le souverain marocain avait appelé toute la société marocaine à se mobiliser pour défendre «la marocanité du Sahara». Le ton alarmiste adopté par le roi, lors de ce discours devant le parlement, avait été interprété comme le signe d’un essoufflement des thèses marocaines. Ce qui a amené Mohammed VI à supplier ses concitoyens à se mobiliser pour la défense de la position marocaine. Comme alternative à la position adoptée jusqu’ici par le royaume et qui l’a mené, d’après lui, à l’impasse, le colonel Mellouki propose d’étendre le projet de l’autonomie interne proposé pour le Sahara Occidental à toutes les régions du pays. Une manière d’éviter, pense-t-il, de faire du territoire du Sahara «une exception». Mais pour cela, l’officier concède que, dès lors, «le Maroc ne devra compter que sur lui-même». En fin de compte, cet ancien officier ne propose rien de moins qu’une fuite en avant dans un dossier où le Maroc se sent esseulé sur le plan international ou, pis, un coup de force contre la légalité internationale. Il déclare, d’ailleurs, être conscient que sa position, si elle venait à être adoptée par les autorités marocaines, pourrait valoir au Maroc «des rétorsions de la part de l’ONU».
Amine Sadek
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