L’aveu du roi du Maroc : «L’Algérie a gagné la bataille du lobbying»
L’hystérie qui s’est emparée ces dernières semaines du Makhzen marocain, et de ses appendices au sein de la presse et de la classe politique locale, semble trouver son origine essentiellement dans l’échec de sa diplomatie à convaincre une opinion internationale de plus en plus agacée par la poursuite de la politique d’occupation du Sahara Occidental. Les thèses marocaines en la matière trouvent de moins en moins preneur comme le démontre l’analyse rapportée dans ces mêmes colonnes et livrée par un ancien officier supérieur de l’armée royale marocaine qui reconnaît l’isolement presque total du Maroc dans ce dossier. Mais l’autre signe qui ne trompe pas à ce propos a trait à la presse américaine qui accorde de plus en plus d’attention au dossier sahraoui et tout ce que le combat en question charrie comme souffrance pour le dernier peuple colonisé d’Afrique. Ecrit sous un titre très évocateur «La dernière colonie d’Afrique : l’Etat oublié», l’article de l’influent journal américain The Huffington Post ne prêche aucune ambiguïté à ce sujet puisque, insiste-t-il, «tous les Etats africains sont considérés comme souverains sauf un qui est le Sahara Occidental», un territoire que le Maroc, selon le journal, «occupe illégalement». Le magazine The Nation a, lui, mis en exergue les actes de «torture» et de «maltraitance» infligés aux Sahraouis par les autorités marocaines dans les territoires occupés. Le reportage intitulé «Lettre du Sahara Occidental, une terre sous occupation» constitue un témoignage poignant sur les souffrances du peuple du Sahara Occidental. Affranchie des pesanteurs des «impératifs» de la politique étrangère de la Maison-Blanche, la presse américaine semble avoir fini par saisir toute la portée d’une telle évolution inéluctable vers la décolonisation. C’est une nouvelle donne qui vient compliquer la tâche à un gouvernement marocain aux abois. Le discours prononcé hier à l’occasion de l’anniversaire de la marche verte par un monarque marocain pathétique résonne comme un appel au secours à l’adresse de son peuple à qui il a avoué implicitement que l’Algérie a gagné la bataille acharnée du lobbying. Son insistance sur les «relations privilégiées» du Maroc avec les pays africains est une autre preuve que ce pays en crise cherche la sortie la moins humiliante et la moins douloureuse possible.
Amine Sadek
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