Le renforcement de la lutte contre la contrebande à l’ouest met à nu la grande misère des Marocains
Le coup d’arrêt donné par l’Etat algérien au trafic de carburant a révélé au grand jour l’ampleur de la misère sociale qui sévit dans le Rif marocain. Les conduits utilisés pour faire passer en toute illégalité ce combustible de l’autre côté de la frontière ayant été presque asséchés, plus de 800 000 Marocains vivent dans des conditions extrêmement difficiles. Ils se retrouvent du jour au lendemain sans aucun moyen de subsistance et se sentent totalement «abandonnés» par le régime monarchique de Rabat. En crise économique aggravée par une dette extérieure abyssale, la monarchie alaouite n’a visiblement aucune solution pour sortir ces populations de leur dénuement. Conscientes que le responsable est le pouvoir marocain qui les a longtemps marginalisées, ces populations organisent des protestations pour réclamer leur droit élémentaire au travail et à un revenu. Mais pour survivre, elles comptent beaucoup plus sur la résistance des gros trafiquants qui ne désarment pas et qui, malgré tout, cherchent à trouver d’autres moyens pour faire parvenir au Maroc ce fameux carburant. Avec la complicité des gardes-frontières marocains, ces hallaba tentent de contourner le dispositif sécuritaire mis en place par l’armée algérienne. Ils tentent en effet de maintenir tant bien que mal ce trafic juteux en utilisant des équidés qu’ils laissent traverser seuls la ligne frontalière. Cela pour éviter qu’ils ne tombent dans la nasse des services de sécurité algériens. En vain. Car pour mieux sécuriser la bande frontalière avec le Maroc et empêcher les ânes des fameux hallaba de la traverser, l’Algérie a creusé des fossés d’une profondeur de dix mètres dans les parties les plus ciblées par les contrebandiers. Selon une source sécuritaire, plusieurs de ces ânes ont été trouvés par nos gardes-frontières coincés dans des fossés insurmontables qui sonnent le début de la fin d’un trafic qui alimente des centaines de milliers de voitures et permet le fonctionnement de 80 000 fermes agricoles marocaines.
Sonia B.
Comment (34)