Le CLA accuse Baba Ahmed de défendre les intérêts des écoles privées
La volonté du ministère de l’Education nationale de réglementer la pratique des cours particuliers suscite une vive réaction de la part du Conseil des lycées d’Algérie (CLA). Ce dernier dénonce ce qu’il appelle la tendance du ministre de l’Education nationale à vouloir criminaliser l’enseignant et à lui faire supporter la responsabilité de la généralisation de ce phénomène. Le CLA assimile la réaction de la tutelle à une «fuite en avant en lieu et place d’un débat global sur les conditions de travail et l’état des lieux dans le secteur de l’éducation». Le CLA déclare dans un communiqué qu’il ne peut cautionner «un secteur à deux vitesses». Expliquant qu’il n’acceptait pas «une école publique paupérisée destinée à ceux d’en bas et une école privée destinée à ceux d’en haut», et affirmant qu’il est tout autant contre les cours particuliers qui se substituent à l’école publique qu’à l’école privée qui participe à la logique de la commercialisation et de la marchandisation de l’école. Le CLA va plus loin en estimant que «l’objectif de mettre fin aux cours particuliers n’est qu’une réponse aux barons des écoles privées qui ont du mal à avoir des inscrits et non un souci de défense de l’école publique et de qualité». Le syndicat tacle le gouvernement également sur ce qu’il nomme «une remise en cause de la démocratisation de l’enseignement et l’égalité des chances dans l’accès au savoir pour tous les Algériens, tel qu’inscrit dans les objectifs de la reforme du système éducatif et la loi sur l’orientation scolaire». Le syndicat estime aussi que le phénomène des cours particuliers n’est qu’une conséquence des conditions de travail dans l’école, telles que la surcharge des classes, des programmes et des emplois du temps et la violence, d’une part, et la situation sociale de l’enseignant d’autre part. Le CLA estime que dans ce débat sur les cours particuliers, il ne faut pas se tromper d’ennemi en ciblant l’enseignant qui n’est qu’une victime, mais il condamne aussi «les enseignants qui font systématiquement recours aux cours particuliers comme moyen de marchandisation des notes avec leurs élèves». Il appelle à un débat général sur la situation dans le secteur de l’éducation. Sur un autre plan, le conseil national du CLA, réuni au lycée Ibn El-Haïthem à Alger, a adopté la plateforme de revendications portant notamment sur une révision de la politique salariale, instaurant un salaire flexible en vue d’atteindre un SNMG de 40 000 DA, ainsi que plusieurs primes et indemnités. A propos du statut particulier, le CLA estime que la dernière modification du texte n’a pas répondu aux attentes des travailleurs de l’éducation, mais a permis, au contraire, de graves ségrégations entre les différents corps. Le CLA avance d’autres revendications concernant des conditions particulières de départ à la retraite, en raison de la pénibilité du métier ainsi qu’une gestion transparente du dossier des œuvres sociales, et l’accès au logement. Le syndicat conclut par la nécessité d’améliorer les conditions de travail dans une école qui ce dégrade d’année en année, afin de maintenir la démocratisation de l’enseignement.
Meriem Sassi
Comment (11)