Non-sens franco-marocain
Par Karim Bouali – Les zones déclarées «rouges» et formellement déconseillées par le Quai d'Orsay aux Français, «du fait du risque terroriste et du risque d'enlèvement», se multiplient et s’étendent. Moins de deux semaines après l’enlèvement et l’assassinat de deux journalistes par les terroristes d’Al-Qaïda, à Kidal, au Nord-Mali, c’est un prêtre qui a été enlevé, cette fois au nord du Cameroun, près de la frontière avec le Nigeria, par un groupe de Boko Haram, dit-on. Ces deux actes criminels, intervenus après la libération à la fin du mois dernier des quatre ex-otages français qui avaient été enlevés il y a plus de trois ans au Niger, prouvent que le paiement par la France, d’une façon ou d’une autre, de rançons aux terroristes ne fait que les encourager à poursuivre leurs actes, c'est-à-dire enlever encore plus de Français et exiger encore d’autres rançons pour les libérer. Le rapprochement est inévitable avec la réunion qui se tient actuellement à Rabat sur la sécurité des frontières dans la région du Sahel, officiellement à l’initiative du Maroc, mais sans doute sur instigation de la France. Deux pays dont les inconséquences flagrantes dans la lutte antiterroriste devraient les disqualifier pour l’organisation d’une telle rencontre : la France qui paye les terroristes et le Maroc qui les héberge – on se souvient de l’épisode Abdelhak Layada qui avait été finalement ramené de force après des menaces d'Alger. Une aberration ! C’est certainement ce qui justifie le peu d'intérêt accordé par l'Algérie à cette rencontre. Ramtane Lamamra n’y prend pas part. Sans l’Algérie, dont le rôle-clé dans la région concernée est reconnu et souligné par tous, quelle crédibilité peut avoir cette réunion ? «On ne peut pacifier ces zones si l’on ne peut pas s’appuyer sur l’Algérie. Les Français doivent être assez réalistes pour le comprendre.» C’est le co-président du groupe de travail Sahel de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat français qui l’a déclaré tout récemment. Il est vrai qu’il s’agit de l’ancien ministre français de la Défense, Jean-Pierre Chevènement, et il a une tout autre vision des intérêts de la France.
K. B.
Comment (9)
Les commentaires sont fermés.