Un parti, deux comités centraux : le FLN implose
Il n’y a plus d’entente possible entre le secrétaire général du FLN, Amar Saïdani, et les frondeurs, incarnés par le duo Abdelkrim Abada-Abderrahmane Belayat. L’opposition ne s’essouffle pas. Au contraire. Elle semble retrouver un second souffle lors d’une réunion tenue aujourd’hui à Draria, sur les hauteurs d’Alger. Présidée par Abdelkrim Abada, chef de file du mouvement de redressement, actif depuis quatre mois, et Abderrahmane Belayat, ex-coordinateur du bureau politique du parti, cette rencontre-débat a vu la participation d’un nombre important de membres du comité central et d’élus à tous les niveaux. Les deux chefs de ce mouvement contre l’actuel SG du FLN ont affirmé que la lutte continuera jusqu’à ce que le parti retrouve la légitimité et la légalité. Ils ont, d’ailleurs, annoncé «avoir commencé concrètement à préparer la session légitime et légale du comité central, sur la base du règlement intérieur et des statuts du parti». Encore une fois, Abderrahmane Belayat a déclaré illégitime la désignation d’Amar Saïdani à la tête de l’ex-parti unique lors d’une réunion tenue le 29 août dernier à l’hôtel El-Aurassi. Il explique avoir donné dans le recours déposé auprès du Conseil d’Etat toutes les preuves de l’illégalité de cette rencontre, de sa convocation à sa tenue. Selon lui, cette session n’a été conforme ni avec les statuts du parti ni avec la loi régissant les partis politiques. Comptant beaucoup sur le Conseil d’Etat pour qu’il invalide à nouveau cette fameuse réunion, les anti-Saïdani envisagent ainsi de passer d’ores et déjà à l’étape supérieure, celle d’organiser la «vraie session» du comité central. Qualifiant ce qui s’est passé à l’Aurassi de véritable «putsch», Belayat dit savoir qui sont derrière cette «cooptation» et affirme n’avoir pas peur d’eux. De son côté, Abdelkrim Abada souligne l’urgence de «récupérer» ce parti et de le remettre sur les rails, dénonçant au passage la suppression à l’APN de l’article consacrant l’impôt sur la fortune, qui a été faite par des députés FLN sous l’impulsion de Saïdani. Pour les frondeurs, Amar Saïdani constitue un véritable danger pour le FLN et même pour le pays en ce sens qu’il est sous l’emprise du pouvoir de l’argent. Leur démarche vise à faire avorter ce «complot» contre le FLN en le restituant à ses vrais militants. «Nous refusons le fait accompli», martèlent-ils, affirmant que la réunion du comité central demain à l’Aurassi n’est qu’«un épisode de la "pièce théâtrale" visant à imposer le fait accompli et consacrer Saïdani à la tête du parti». Les frondeurs se disent déterminés à poursuivre le combat jusqu’au bout. La partie est donc loin d’être finie et le FLN est définitivement coupé en deux.
Sonia B.
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