Le RND est-il en train de perdre le Grand Sud ?
L’effet de la démission de l’Amenokal des Touareg du RND commence à se faire ressentir dans les régions du Sud. La direction nationale du parti, qui a fait l’impasse sur cette défection de taille, ne semble pas avoir mesuré l’influence d’Ahmed Idabir et du degré de sa respectabilité dans ces régions. Véritable icône pour des dizaines de milliers de Touareg et d’habitants du Sud, l’Amenokal Ahmed Idabir laisse un grand vide au sein de la formation politique dirigée par Abdelkader Bensalah. D’ailleurs, la tenue des congrès régionaux, hier samedi, n’a pas eu l’engouement escompté. Selon une source proche du parti, la base militante voit en ce retrait «la fin de l’espoir que présentait ce parti pour la jeunesse des régions désertiques». Ahmed Idabir a rendu publique sa démission, comme nous l’avions rapporté le 10 novembre dernier, pour protester contre la déviation du parti de ses principes fondamentaux, en tournant le dos notamment à ses nombreux militants respectueux. Notre source fait état des échos défavorables pour le parti qui parviennent de Tamanrasset où de nombreux militants ont décidé de prendre leurs distances avec cette formation et soutenir ainsi la position «jugée judicieuse et respectable» de leur «père spirituel». Ce que les organisateurs du 4e congrès, à leur tête Abdelkader Bensalah, s’efforcent d’ignorer pour ne pas se déjuger. Car rien n’a été fait, affirme notre source, pour empêcher l’Amenokal de quitter le parti. D’ailleurs, à aucun moment, la direction nationale n’a évoqué d’une manière ou d’une autre cette défection dont les conséquences risquent d’être lourdes pour le parti. Les participants au congrès régional de l’Extrême Sud, représentant les wilayas de Tindouf, Adrar, Tamanrasset et Illizi, ne sont pas reconnus par les militants du RND. Ces wilayas sont en dépit de tout sous l’influence de l’autorité spirituelle de l’Amenokal. «Cette région n’est donc pas réellement et concrètement représentée au sein du parti, car les délégués qui iront participer au congrès national à la fin décembre n’ont pas été mandatés par les vrais militants», estime la même source, rappelant que c’est justement l’une des raisons qui ont poussé Ahmed Idabir à se retirer du RND, afin de «ne pas cautionner ces pratiques de parachutages viles et abjectes». Après avoir perdu une partie de militants dans le sillage de la démission d’Ahmed Ouyahia en janvier dernier, le RND a pris le risque de perdre tout le Grand Sud en refusant d’écouter son représentant le plus influent de la région qui n’est autre que l’Amenokal. Cette grande région a toujours été une zone d’influence du RND depuis sa création en 1997. Au rythme où vont les choses, cela ne serait plus le cas bientôt !
Sonia B.
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