La multiplication des parodies sur Internet agace Sellal
Selon certaines indiscrétions, le Premier ministre supporte mal la multiplication de ses parodies sur les réseaux sociaux. Les internautes ont, en effet, intensifié les montages sur Facebook, YouTube et autres moyens de communication modernes pour reprendre les fameuses phrases improvisées par le chef de l’Exécutif à l’occasion de ses nombreuses sorties à travers le pays. Très blagueur lui-même, le Premier ministre subit un retour de flamme. «Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse», commente un internaute qui suit de près la phraséologie d’Abdelmalek Sellal et les imitations qui en sont faites sur Internet. Les Algériens se doutaient un peu que l’ancien ministre des Ressources en eau avait une forte propension à la drôlerie, mais c’est dans sa position actuelle de Premier ministre qu’ils ont découvert chez lui cette «addiction à la blague». Des journalistes racontent que lors de ses déplacements avec ses collègues du gouvernement, avant de prendre la tête de celui-ci, il s’amusait à les brocarder, histoire de mettre de l’ambiance lors des longs et nombreux voyages que leur imposait le président de la République durant ses deux premiers mandats. Parmi ses galéjades, cette «flèche» lancée en arabe dialectal à son homologue de la Santé, fraîchement nommé à ce poste après avoir assumé celui de ministre de l’Agriculture – Sellal était alors ministre des Ressources en eau : «Alors comme ça, tu passes de la patate à l’hosto !» On se souvient aussi lorsque, ministre de l’Intérieur, il devait annoncer les résultats d’élections qui avaient eu lieu la veille et, ignorant sans doute que son microphone était allumé, il lança, toujours en arabe dialectal, quelques minutes avant le début de la conférence de presse, à un ministre assis à côté de lui : «Et si on leur faisait un truc en anglais ?» Les Algérois gardent de lui, également, le souvenir d’un ministre «populaire» qui n’a pas hésité à faire une entorse au protocole, lors d’une tournée du chef de l’Etat dans la capitale, pour se payer une paire de chaussettes chez des vendeurs à la sauvette dans une ruelle adjacente. Mais c’est surtout au lendemain de l’attaque terroriste contre le site gazier de Tiguentourine que les citoyens ont compris toute la difficulté du Premier ministre à s’exprimer sur des sujets graves. Un exercice périlleux pour celui qui ne peut pas s’empêcher de plaisanter de tout et de rien et qui, face à un problème aussi délicat que cette affaire que le pays a assimilé à une agression armée étrangère. Il avait dû remplacer ses boutades par des aphorismes et des expressions courantes qui expriment l’honneur et le courage. Sellal avait eu tout le mal du monde à placer les phrases qu’il faut en pareilles circonstances, pesant chacun de ses mots et peinant à trouver les formules adéquates, n’étant pas lui-même militaire et étant obligé d’expliquer les détails d’un assaut de l’armée contre des terroristes. Et c’est de là que ses «problèmes» ont commencé. Ce qui, au début, était perçu comme une volonté du tout nouveau Premier ministre de rompre avec le discours figé de ses prédécesseurs, est devenu, au fil du temps, un tic dont il ne peut pas se débarrasser, si tant est qu’il en ait envie.
M. Aït Amara
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