Mobilisés malgré tout
Par Kamel Moulfi – Finalement, la jeunesse algérienne n’est pas aussi «perdue» que certains veulent le faire croire. Ses repères fondamentaux, le drapeau et l’hymne, chargés de symboles, sont intacts, portés par d’autres jeunes Algériens, les footballeurs de l’équipe nationale, qui, faute de mieux, c'est-à-dire un logement, un emploi, l’espoir d’une vie décente dans son pays, offrent la joie et la fierté que procure la présence de l’Algérie parmi les grands au Brésil, pour la Coupe du monde. Les tentatives de récupération politicienne des uns et le défaitisme, tout aussi politicien, distillé par les autres, n’ont pas réussi à démobiliser la jeunesse et n’ont pas eu d’influence sur l’enthousiasme des Algériens motivé par leur patriotisme. Les jeunes ont «dansé et chanté» – quel sacrilège ! – avant et après la victoire, et dans la mixité, en de très rares cas encore, mais c’est sans doute le «pire» à venir pour ceux qui cultivent toujours l’illusion que l’histoire peut faire marche arrière. En tout cas, il est heureux de constater qu’à la tombée de la nuit, malgré le froid et la pluie, des femmes sont sorties, à la fin du match, seules, dans la rue, pour participer à la fête, dans une sécurité complète. Et c’était partout, dans le pays, la même ambiance. Tout cela pour dire qu’il y un potentiel extraordinaire de progrès qui peut se réaliser quand les circonstances le permettent. Mais les exigences légitimes des jeunes sont également intactes, personne n’en doute. Les étudiants qui ont jeté des pierres sur le cortège du Premier ministre en visite dernièrement à Khenchela et Oum El-Bouaghi et les jeunes du pré-emploi qui se font tabasser et ramasser à chacune de leurs manifestations ont été les premiers à brandir le drapeau national, et à entourer les Verts du soutien dont ils avaient besoin pour qualifier l’Algérie. Les jours prochains nous diront s’il était juste de penser que cette qualification au Mondial aurait une incidence sur la vie politique nationale en donnant un répit au pouvoir.
K. M.
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