Qualification de l’Algérie au Mondial : les vieux démons de la xénophobie ressurgissent en France
Les manifestations de joie qui ont salué la qualification de l’Algérie au Mondial de football, dans plusieurs villes françaises, sont le prétexte depuis quelques jours de réactions hostiles des extrémistes de droite connus pour leur haine de l’Algérie. Une réaction de plus en plus virulente qui est le reflet de la xénophobie et du racisme qui ne cessent de prendre de l’ampleur en France, un pays qui se targue d’être celui des droits de l’Homme. Emboîtant le pas au Front national, qui a fustigé les supporters ayant défilé avec le drapeau vert, après la victoire de l’Algérie, un groupuscule d’extrême droite laisse à son tour éclater sa hargne. Arborant l’emblème d’un sanglier noir «Le Bloc identitaire» publie sur son site un communiqué très virulent contre les supporters ayant défilé pour l’Algérie, intitulé «Fiers de leur pays ? Qu’ils rentrent en Algérie !». Ce groupe fasciste dit prendre acte «de cette démonstration de force étrangère et de ces défilés exubérants qui exaspèrent un nombre croissant de Français. Incontestablement, il ne s’agit pas là de supporters mais bel et bien de patriotes algériens, à qui nous adressons un message clair : tout bon patriote doit un jour regagner la terre de ses pères». Un discours d’une rare violence qui vient après plusieurs actes racistes et islamophobes, notamment ceux ayant ciblé des mosquées en France, dont la Mosquée de Paris. Des faits qui sont donc loin d’être isolés ou anodins, ils renseignent sur le racisme et la xénophobie qui couvent au sein de la société française et qui s’expriment de plus en plus ouvertement, et ce, quel que soit la tendance politique qui gouverne et le discours officiel. En 2010, sous Nicolas Sarkozy, la politique de la France envers les minorités avait d’ailleurs été fustigée par le comité de l'ONU chargé de la discrimination raciale qui a relevé une «recrudescence notable du racisme et de la xénophobie» envers notamment les «Français d'origine étrangère». L’ONU avait ciblé un «manque de volonté politique» de Paris face aux actes racistes. Le changement politique intervenu à la tête de l’Etat a exacerbé encore plus les pulsions malsaines des extrémistes. L’ONU s’est manifestée de nouveau il y a quelques jours en recommandant aux dirigeants français d’agir contre une vague croissante de racisme et de xénophobie. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme a plus particulièrement fermement condamné les «attaques racistes» dont a fait l’objet la ministre française de la Justice, Christiane Taubira. Ces «abus totalement inacceptables perpétrés à l'encontre d'une responsable politique connue, en raison de sa couleur de peau, sont une manifestation claire de la montée du racisme, de la xénophobie et de l'intolérance à l'encontre des minorités ethniques ou religieuses et des migrants dans de nombreux pays européens», avait souligné le Haut-commissariat aux droits de l’Homme de l’ONU le 13 novembre.
Meriem Sassi
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