Menasra appelle les «lièvres» à se retirer de la présidentielle
Le président du Front du changement, l’islamiste Abdelmadjid Menasra, appelle les candidats à la prochaine présidentielle à se retirer de la course pour ne pas jouer le rôle de lièvre et crédibiliser un scrutin fermé d’avance. Dans une contribution publiée dans la presse nationale, cet ancien cadre du Mouvement de la société pour la paix (MSP) estime qu’il est inutile de se porter candidat à une élection gagnée d’avance par le président candidat, «lequel n’accepte ni un second tour ni un taux inférieur à celui enregistré lors de la dernière élection». Menasra considère ainsi que la présidentielle est une échéance déterminante pour l’avenir politique de notre pays, à laquelle ne doivent participer que des candidats valeureux, probes, intègres, qui ont des principes, de fortes convictions politiques et un programme. Le dissident du MSP qui règne sur une nouvelle formation politique, et qui œuvre depuis quelques mois à ressouder les rangs des islamistes avec le concours d’exégètes étrangers (mauritaniens notamment), revient sur le principe de l’alternance et du changement qui constitue la sève de tout système politique démocratique, et regrette que ce principe soit balayé de notre Constitution, triturée en 2008 pour permettre au président en exercice de s’éterniser au pouvoir, même malade sur un fauteuil roulant. Appelant au réveil des consciences, il invite implicitement le chef de l’Etat à se retirer et céder la place à l’alternance démocratique par le biais de l’urne, en faisant preuve de lucidité et en saisissant cette chance qui se présente à lui, avant que cela ne soit trop tard. «Dans la vie, il y a des chances qui s’offrent à l’être humain pour lui garantir une belle entrée dans l’histoire ou une sortie honorable d’une crise. Mais certains hommes ne savent pas les saisir et les exploiter», écrit-il. Faisant un court comparatif avec le monde footballistique où certains joueurs mettent fin à leur carrière au bon moment et d’autres non, Menasra met en avant le fait que dans le monde arabe peu de présidents ont quitté le pouvoir à temps. Il cite le cas de Bourguiba et de Zine El-Abidine Benali. Le premier qui continuait à gouverner malgré sa maladie a fini par être destitué par un collège de professeurs de médecine. Le second a pris la fuite suite à la révolte populaire des Tunisiens. Les exemples sont nombreux. Et les fins tragiques existent aussi, comme celle subie par Mouammar Kadhafi. Considérant que l’Algérie a beaucoup perdu après la révision constitutionnelle de 2008, Menasra estime qu’il n’est pas trop tard pour que les dirigeants optent pour le «bon choix», celui de sortir par la grande porte. Le président du Front du changement appelle également les citoyens à rester chez eux le jour du vote si le président Bouteflika décide de briguer un autre mandat. C’est pour lui la meilleure manière de ne pas donner du crédit à cette élection.
Sonia B.
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