Ces pensionnaires politiques qui s’accrochent à Bouteflika
A l’approche de la présidentielle, de nombreux partis se réveillent brusquement et courent pour prendre place dans le nouvel orchestre national chargé d’interpréter la symphonie du quatrième mandat. Après un sommeil profond, ces politiciens occasionnels se démènent pour être au premier rang afin de mieux accéder à la mangeoire de la République. Ainsi, on trouve parmi les fervents promoteurs du quatrième mandat, un certain Mohamed Benhamou, qui dirige le parti El-Karama. Une formation politique aussi inconnue que son président. Ne s’étant jamais exprimé sur les questions d’intérêt national et n’ayant pas mouillé le maillot dans l’arène politique, Benhamou tente d’occuper le devant de la scène pour parler des «bienfaits» de la présidence de Bouteflika. Trois mandats de cinq ans résumés en deux mots : «Avec Bouteflika.» Chargé de mission ou simple opportuniste qui essaie de tirer profiter d’une situation particulière ? Difficile de répondre. Mais une chose est sûre : comme lui, il y en a beaucoup, un peu trop même, dans le champ politique bien noyauté. Plusieurs formations anciennes ou nouvellement agréées se manifestent et s’agitent pour attirer l’attention dans le seul espoir d’obtenir un rôle quelconque qui les maintiendrait dans les bonnes grâces des décideurs et leur conférer une longévité politique inespérée. Parmi ces voix, qui se sont tues depuis longtemps, il y a celle de Mustapha Boudina, du Mouvement des citoyens libres (MCL), qui encense le bilan présidentiel et approuve la démarche portant révision constitutionnelle qui devra «renforcer les prérogatives du Conseil de la nation». Il y a aussi Hamana Boucherma, coordinateur général du Parti des jeunes (PJ), qui a eu «le courage politique» de qualifier les élections législatives de 2012 – qui ont consacré le maintien du FLN au sommet du pouvoir – de «véritable révolution démocratique». La liste est longue tant la scène politique compte une constellation de formations qui refont surface à la veille des échéances électorales pour en récolter quelques prébendes en contrepartie de leur figuration. Ces «pensionnaires» politiques, qui vivotent des subventions directes et indirectes de l’Etat, se mobilisent non pas pour une cause, mais plutôt pour figurer ne serait-ce que dans le générique du prochain épisode présidentiel. Ils s’agrippent aux détenteurs des principaux rôles, à l’image d’Amar Saïdani, Amara Benyounès, Amar Ghoul et Abdelkader Bensalah. D’ailleurs, une alliance a vu le jour tout récemment entre le président de Tajamou Amel El-Djazaïr (Taj), Amar Ghoul, et celui d’El-Karama, Mohamed Benhamou. Ces formations, sans véritable ancrage populaire, s’accrochent au chef de l’Etat pour survivre à la rude concurrence politique à laquelle ils ne sont ni prêts ni motivés. Futé qu’il est, le chef de l’Etat a doublé le nombre de partis politiques au point de provoquer une inflation qui fait monter les enchères. Côté soutiens, c’est donc réglé…
Sonia B.
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