Le Satef à Baba Ahmed : «Où est l’argent des chauffages ?»
Malgré les enveloppes financières conséquentes consacrées annuellement au chauffage dans les établissements scolaires, quelque 100 milliards de centimes au niveau national, les problèmes récurrents d’absence d’appareils de chauffage, de mauvaise étanchéité et de non-respect des normes de sécurité sont relatés chaque hiver, à travers tout le pays. Les victimes de ce laisser-aller sont les écoliers qui sont nombreux à pâtir du froid dans les classes, en particulier dans les régions reculées, lorsqu’ils ne sont pas la proie d’intoxications graves au monoxyde de carbone. Hier, cinq écoliers ont été intoxiqués dans une localité de Batna. Quelques jours auparavant, six autres élèves ont été sauvés in extremis à Tissemsilt, en raison de chauffage de fortune. Des faits désolants et trop nombreux qui ne peuvent échapper aux responsables. Ceux-ci restent pourtant inactifs. Cette situation a poussé le Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef) à adresser une lettre ouverte au président de la République dans laquelle il lui demande «d’intervenir en faveur des innocents en ces temps de froid glacial et d’hiver». Boualem Amoura, secrétaire général du Satef, signale qu’après les intempéries de février 2011 et 2012, «le ministère de l’Education ainsi que les collectivités locales avaient promis de mettre fin au problème de chauffage et d’étanchéité dans nos écoles». Malheureusement, note le responsable syndical, «deux ans après, nous constatons avec amertume, en cette période de grand froid et de neige, que nos élèves étudient dans des salles non chauffées et sous des toits qui ressemblent à des passoires». «Où va l’argent consacré par l’Etat au règlement du problème de chauffage dans les écoles ? Nous vous informons que même les établissements se situant aux centres-villes, devant les yeux de nos valeureux responsables, souffrent eux aussi de ces problèmes. Alors que dirions-nous des zones montagneuses et reculées ?» s’interroge Boualem Amoura qui estime qu’il faut «situer les responsabilités et punir les responsables pour en finir une fois pour toutes avec ce problème récurrent dont seuls les pauvres innocents font les frais». «Nous savons que les écoles primaires sont gérées par les collectivités locales, nous savons aussi que la majorité de ces dernières sont déficitaires et c’est pour cela que notre syndicat a proposé à au ministre de l’Education de les soustraire aux collectivités locales», souligne le syndicaliste qui ajoute que «même les établissements du moyen et du secondaire, qui sont sous la responsabilité des directions de l’éducation, sont concernés». « Durant notre visite au siège d’une commune, nous avons constaté qu’au moment où les écoliers grelottaient de froid dans leurs classes, dans les bureaux de l’APC, les climatiseurs étaient allumés en plus des résistances allumées à fond ! Double chauffage», s’indigne M. Amoura qui affirme que des photos et rapports sur la situation désastreuse des écoles ont été remis au service du ministère, en vain. Le Satef conclut sa lettre ouverte en demandant au président de la République «de bien vouloir agir en faveur de ces innocents qui sont l’avenir de ce pays».
Meriem Sassi
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