Le Pr Dif à propos du sida : «Le pire ennemi, c’est le tabou»
Le pire ennemi dans le travail de prévention et de sensibilisation autour du sida, c’est le tabou, estime le Pr Abdelwahab Dif, chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital El-Kettar d’Alger. Le tabou autour de cette maladie est aggravé par la désinformation qui explique la discrimination dont les malades sont l’objet. Pourtant, a affirmé le Pr Dif, jeudi sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, le risque de contamination du personnel médical est nul. A El-Kettar, aucun infirmier, ni médecin n’a été contaminé par un malade examiné. La réticence des porteurs du virus du sida à se présenter au centre de prise en charge entraîne une mortalité qui aurait pu être évitée s’ils l’avaient fait. Il y a eu 2 000 décès à cause du sida depuis 1985, selon une évaluation approximative faite par le Pr Dif. Le malade ne se présente aux centres de dépistage qu’une fois que son immunité est au stade final et que les infections opportunistes se sont développées, alors que le dépistage doit se faire au stade séropositif. Le dépistage peut se faire dans toutes les wilayas. Sur l’ensemble du territoire national, il y a 9 centres de prise en charge, tous équipés et dotés en personnel, seul se pose le problème du manque de réactifs. Par contre, le Comité national de lutte contre le sida, créé en 2012, n’est toujours pas installé alors qu’il est chargé de la mise en œuvre de la politique nationale de lutte contre cette maladie en vue d’endiguer sa propagation. Le Pr Dif compte beaucoup sur la prévention et la sensibilisation autour de cette maladie. Il insiste sur l’implication des secteurs autres que la santé, comme l’éducation, l’enseignement supérieur, la communication et la justice. Il souligne l’importance de l’utilisation du préservatif par les jeunes en vue de les protéger des risques encourus par des relations sexuelles en dehors du mariage et/ou des partenaires multiples, et souhaite que le préservatif soit subventionné en vue de le mettre plus à la disposition des jeunes et des personnes pour qui le coût représente une charge financière importante. Mais, prévient-il, ce n’est pas une façon d’encourager les relations sexuelles hors mariage, mais juste de réduire les risques de contamination et de propagation de la maladie. Un programme national de dépistage du sida pour toutes les femmes enceintes a été lancé en Algérie afin d’éviter la contamination des bébés par les mères séropositives.
R. N.
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