Péripéties d’un journaliste belge avec des députées algériennes au Parlement européen à Bruxelles
Un journaliste belge free-lance, accrédité au Parlement européen, a fait des révélations que l’on peut considérer comme fracassantes sur ce que peut être le comportement de nos députés à l’étranger. Dans une correspondance adressée à Algeriepatriotique, Olivier Massart raconte dans le détail sa rencontre avec des députées algériennes en marge du «Forum annuel mondial des femmes dans les parlements», il y a quelques jours à Bruxelles. En sus du fait que nos représentantes, pour l’occasion «très bien coiffées», étaient «plutôt discrètes et pas très loquaces», elles étaient, surtout, «escortées et surveillées de près, de très près, par des hommes». Qui pouvaient être ces anges gardiens ? «Des hommes de Bouteflika», affirme le journaliste qui cite, à ce propos, une des membres de la délégation algérienne, composée de deux députées du FLN, deux du RND, une du FFS, une du PT et deux de la Coalition verte. Le journaliste belge qui voulait s’entretenir avec les députées algériennes affirme avoir été apostrophé par un homme qui lui a «fait barrage», l’informant «qu’il faut d’abord demander l’autorisation à l’ambassade d’Algérie à Bruxelles». Un député, élu du peuple, doit-il demander à une représentation diplomatique l’autorisation pour pouvoir exprimer ses opinions ? La scène autant cocasse que ridicule ne s’arrête pas là, puisque, d’après le journaliste, une demoiselle s’est présentée à lui comme «attachée de presse à l’ambassade d’Algérie à Bruxelles» pour lui susurrer que ces vénérables députées «ne peuvent donner de déclaration sans son autorisation». Une situation que notre journaliste a trouvée «loufoque» et «d’un autre temps». Il est vrai que de tels comportements nous rappellent le bon vieux temps du parti et de la pensée uniques que l’on croyait révolu. Nos représentations diplomatiques, et à plus forte raison celle de Bruxelles, une ville considérée comme la capitale de l’Europe, doivent plutôt concentrer leur énergie à améliorer l’image de l’Algérie auprès de ses partenaires étrangers et à se mettre au service de notre communauté qui se retrouve la plupart du temps livrée à elle-même. Le journaliste belge regrette que, finalement, il n’ait pu s’entretenir avec les députées algériennes à cause d’un homme qui leur a, discrètement, intimé l’ordre de partir. D’après lui, seule la députée du FFS s’est rebellée contre ce comportement, avant qu’elle ne soit rejointe par celle du PT. Une situation qui, évidemment, n’a pas plu aux députées du FLN et du RND qui, selon le journaliste belge, «se sont mises à parler toutes en même temps avec beaucoup d’agressivité et à très haute voix». Devant une telle hostilité qui risque de porter atteinte à l’image de l’Algérie dans une enceinte internationale, le journaliste n’avait d’autres choix que de prendre la poudre d’escampette. Il racontera sa mésaventure à une eurodéputée qu’il croisera pendant sa retraite. «Nous avons beaucoup ri et étions d’avis que la démocratie en Algérie, ce n’est surtout pas avec Bouteflika», confie le journaliste belge dans sa lettre à Algeriepatriotique. Il ne croyait pas si bien dire, puisque c’est devenu une constante sous le règne de Bouteflika que les élus qui sont censés porter la voix des électeurs se retrouvent mis au pas par l’exécutif. Cette situation renforce, en plus, l’idée que nos pseudo-députés sont loin d’être à la hauteur de la mission qui doit être la leur, celle d’élus du peuple. Un Parlement soumis qui ne risque pas de faire des vagues à un régime désormais vindicatif.
Amine Sadek
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