Aussaresses était assuré d’impunité jusqu’à sa mort
Un des hommes de main de la France coloniale chargé des sales besognes, qui a acquis son grade de général de l’armée française sur les cadavres de ses victimes algériennes, Paul Aussaresses, vient de mourir, emportant avec lui le poids des crimes impunis qu’il a commis durant le temps où il a servi en Algérie. «J'étais indifférent : il fallait les tuer, c'est tout, et je l'ai fait», écrit-il dans un de ses livres. Ceux dont il parle avec un tel cynisme, ce sont Larbi Ben M'hidi et Ali Boumendjel, pour ne citer que les plus connus, mais ils sont très nombreux les patriotes algériens qu’il a torturés durant les interrogatoires avant de procéder à leur«liquidation pure et simple», pour reprendre ses termes. Dans une des interviews qu’il a accordées à ce sujet, Henri Alleg, qui a été lui aussi torturé pendant la guerre de Libération nationale, souligne la responsabilité directe d’Aussaresses dans les assassinats de Larbi Ben M’hidi et Ali Boumedjel. «Il a organisé la pendaison du dirigeant prestigieux qu'était Larbi Ben M'hidi, c'est lui qui a organisé son pseudo-suicide, c'est lui qui a organisé, par le détail, l'assassinat de Boumendjel.» Henri Alleg a montré aussi comment Aussaresses s’est réfugié dans le mensonge et le déguisement de la réalité pour prétendre ignorer le sort de Maurice Audin et dans quelles circonstances il a été assassiné, sans doute pour protéger les auteurs de ce crime. Aussaresses est décrit en France comme «le tortionnaire sans remords». Il a souvent expliqué avoir agi de la sorte parce que ses supérieurs lui ont dit de le faire. Il a prétendu avoir agi pour l’honneur de la France mais, en fait, il a déshonoré son pays. L’honneur de la France a été mieux servi par les «porteurs de valises» et tous ceux qui ont apporté leur aide à la lutte de libération menée par les Algériens. Mais pour les dirigeants occidentaux, tous les moyens sont bons quand il s’agit de faire la guerre aux peuples qui cherchent à se libérer de la domination coloniale ou néocoloniale : arrestations arbitraires, torture et exécutions sommaires. La France en sait quelque chose. Le bilan de ses exactions en Algérie est particulièrement lourd. Douze personnalités, dont Henri Alleg, ont signé un appel pour que la France condamne officiellement les pratiques de torture et les exactions commises en son nom, notamment par Aussaresses. Ce que les dirigeants français refusent.
Kamel Moulfi
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