Le Qatar veut-il s’immiscer dans l’élection de 2014 ?
Le président du Conseil constitutionnel, Mourad Medelci, a rencontré, hier, l’ambassadeur du Qatar à Alger, Ibrahim Ben Abdelaziz El-Sahlawi. Rien n’a filtré sur la teneur des discussions entre les deux hommes. Ce tête-à-tête bien particulier, à cinq mois de la présidentielle de 2014, suscite moult interrogations. De toute l’histoire de l’Algérie contemporaine, c’est la première fois qu’un ambassadeur est reçu par le président du Conseil constitutionnel, une institution chargée de faire respecter la loi fondamentale du pays. Que va faire donc l’ambassadeur du Qatar chez le président du Conseil constitutionnel ? Le Qatar veut-il s'immiscer dans l’élection présidentielle de 2014 ? Cela n'est pas étonnant quand on sait le degré d’implication de ce pays dans le fameux printemps arabe. Les tentatives d’ingérence de ce richissime Etat du Golfe dans les affaires de plusieurs pays ont déjà provoqué un vent d’indignation des populations de la région. C’est le cas en Tunisie où le Qatar n’est pas du tout le bienvenu. Ni ses exégètes ni ses bailleurs de fonds ne sont appréciés par les populations de ce pays qui refusent sa volonté de s’ingérer dans les affaires internes de la Tunisie. En Egypte, la rupture est quasi totale avec ce minuscule Etat. Sa chaîne Al-Jazeera a été chassée et les dirigeants qataris sont voués aux gémonies par la rue égyptienne. En Syrie, la fracture est irréversible, le Qatar étant accusé d'avoir armé la rébellion. En Mauritanie, aussi, les tentatives d'ingérence du Qatar ont conduit à une crise diplomatique entre les deux Etats. En Algérie, on se méfie du Qatar, considéré comme le plus important sous-traitant de l’impérialisme américain. Sur le plan officiel, Alger et Doha divergent totalement sur les questions internationales et régionales. Les deux pays ont des visions diamétralement opposées sur le conflit libyen, sur la question syrienne et de manière plus générale sur le fameux printemps arabe. Le Qatar a toujours manœuvré en sourdine contre la politique extérieure de l’Algérie, se permettant parfois même de lui donner des «leçons de démocratie». C’était le cas lors de certains sommets de la Ligue arabe en 2011 et 2012, où Mourad Medelci, en tant que ministre des Affaires étrangères, avait eu à subir des attaques frontales de dirigeants qataris qui reprochaient à l’Algérie son déficit de démocratie. Cette hostilité déclarée se traduit souvent par des manipulations et des campagnes tendancieuses menées par la chaîne Al-Jazeera contre l’Algérie. Dans ses rapports avec le Qatar, l'Algérie a vu au cours de ces trois dernières années des vertes et des pas mûres.
Sonia B.
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