L’étrange silence de l’ancien Premier ministre Ahmed Benbitour sur les violences interethniques dans le M’zab
L’ancien Premier ministre et candidat à l’élection présidentielle, Ahmed Benbitour, peut-il jouer un rôle dans les démarches entreprises pour éteindre le feu de la haine qui s’installe dangereusement dans le M’zab et continue à faire des victimes ? Issu de cette région, il a sans doute toute la latitude pour faire valoir sa personnalité et proposer ses bons offices auprès des notables et des représentants des deux communautés en conflit, les Mozabites et les Chaâmbis, afin d’imaginer une trêve urgente et, pourquoi pas, sceller une réconciliation durable, au nom du vivre-ensemble et des principes de la République. Beaucoup de citoyens attendaient un sursaut de conscience de la part de celui qui se propose vaillamment de sauver l’Algérie d’une «dérive latente» et avertit dans toutes ses interventions publiques des périls qui guetteraient le pays. Mais il n’a pris aucune initiative, ni fait aucun commentaire sur ces graves événements qui secouent, tour à tour, toutes les grandes cités du M’zab : Berriane, Ghardaïa et, aujourd’hui, Guerrara. Or, c’est aujourd’hui ou jamais pour celui qui veut prouver sa capacité à diriger le pays et à représenter l’unité nationale. Il est clair que les violences interethniques, doublées d’un schisme confessionnel ravageur, qui sont remontées à la surface cette semaine, faisant planer des risques de dérapages incontrôlables, avec des accusations publiques de «traitement racial» et les arrestations massives de citoyens et même de militants, ne sauraient être combattues par la seule voie sécuritaire. Une solution politique sérieuse et durable doit être envisagée et mise en œuvre par les représentants de deux communautés, avec l’aide de personnalités de poids comme Ahmed Benbitour et l’arbitrage de l’Etat, qui doit appréhender le problème dans sa profondeur. Car toutes les démarches administratives préconisées jusque-là par les pouvoirs publics, et même les interventions de certains partis politiques, pour résoudre le problème, n’ont eu aucun effet. Au contraire, elles n’ont fait que ranimer le feu.
R. Mahmoudi
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