Savent-ils ce qu’ils font ?
Par Karim Bouali – Le permis à points (copier-coller du système français controversé et en voie d'être abandonné) avait été annoncé en grande pompe bien avant son instauration puis mis en place comme une panacée sur les routes, capable de mettre fin à l’hécatombe provoquée par les accidents. Le ministre des Transports vient de décider de suspendre sa distribution, pour revoir les modalités de son octroi. On pensait que ce document avait fait l’objet d’une mûre réflexion au vu du long délai qui a précédé sa création puis sa distribution. Il y a quelques semaines, le ministre trouvait que l’opération se déroulait normalement. Un million de permis à points avaient été remis à leurs titulaires et le changement de modèle était en cours sans problème. Puis, stop. Incompréhensible. Ce n'est pas le seul exemple : sur la route, la bande jaune (à droite) limite une voie réservée aux arrêts d'urgence. Cette voie, tous les automobilistes le constatent chaque jour, est utilisée en même temps par les véhicules prioritaires, donc, circulant à très grande vitesse, d'où de nombreux accidents mortels. Il faut préciser que ces véhicules prioritaires ne sont pas seulement ceux définis comme tels par le code de la route, mais peuvent être un cortège officiel ou la voiture d’un ministre. Les automobilistes qui empruntaient l’autoroute pour sortir d’Alger et aller vers l’ouest se souviennent de la bande bleue, à gauche celle-là, qui a créé une voie inexistante dans le code de la route, autrement dit illégale. Elle était réservée aux transports de personnes, censés avoir des arrêts fréquents, et aux voitures transportant plus de trois personnes. Une mesure sans fondement rationnel, sachant que la voie de gauche est généralement réservée aux dépassements et aux voitures roulant à grande vitesse. Heureusement, la bande bleue qui la matérialisait a été effacée par le temps. Mais le plus grave est ce business des permis de conduire au su et au vu de tous sans compter l’insuffisance de la formation des formateurs, la corruption et la négligence au niveau des centres de contrôle technique qui expliquent le nombre important de cercueils roulants arborant fièrement sur le pare-brise la vignette indiquant qu'ils sont aptes à circuler, malgré le nuage de fumée sortant du pot d'échappement et la rouille qui les ronge. Le pire, c’est quand cet état de dégradation concerne aussi les transports publics (taxis et bus privés).
K. B.
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