Sofiane Nezzar : «El-Watan a voulu me jeter à la vindicte populaire parce que je suis le fils d’un général»
Cité dans le procès des vingt-deux personnes impliquées dans un trafic de drogue, le fils de l’ancien ministre de la Défense nationale, Sofiane Nezzar, se dit indigné par la façon dont le journal El-Watan a déformé les propos d’un prévenu. «J’ai adressé une mise au point à ce quotidien mais, au lieu de la publier intégralement, comme la loi et les règles de déontologie l’y obligent, il l’a tronquée jusqu’à en déformer le sens.» Sofiane Nezzar estime que le «procédé malhonnête» d’El-Watan vise, à nouveau, à ternir l’image du général Khaled Nezzar : «La journaliste Salima Tlemçani, qui a signé l’article, a fait dire à un des prévenus et à son avocat qu’il serait une de mes connaissances, alors que les minutes du procès-verbal montrent clairement que le prévenu en question a avoué n’avoir jamais traité avec moi de quelque manière que ce soit et qu’il ne faisait que reprendre à son compte des rumeurs sur ma personne.» «Cette journaliste est allée d'amalgame en amalgame, occultant le principal sujet, à savoir un trafic de drogue, et le diluant dans des considérations biaisées et hors sujet – "fils de riches et fils de zawalis" – et confondant hors-bords et bateaux de plaisance de luxe, ces yachts pour archi-milliardaires amarrés à nos quais en Algérie et pour lesquels il est facile de se poser la question de savoir à qui ils appartiennent réellement et comment a été acquis l’argent qui a permis leur acquisition. Il lui sera alors facile de citer des noms au lieu de s'en prendre à des innocents», fulmine le fils de l’ancien ministre de la Défense. Sofiane Nezzar s’interroge sur les raisons de la parution, dans l’édition de jeudi, du même article que celui de la veille, signé par la même journaliste, mais dont le contenu a été atténué. Il précise qu’il a pris attache avec le journal pour demander que soit publiée une mise au point et que le directeur de la publication, Omar Belhouchet, avait paru disposé à se conformer à la loi, puisqu'il a confié son numéro de fax à un ami commun pour accuser réception de son droit de réponse. «Mais il a menti», fulmine Sofiane Nezzar, qui dénonce «cette manipulation abjecte et cet opprobre destinés à me jeter à la vindicte populaire pour la simple raison que je suis le fils d’un général». «C’est du populisme pur et simple, indigne d’un journal dont les patrons sont pourtant loin de faire partie des classes moyennes», s’insurge le fils du général Nezzar qui compte porter plainte pour diffamation. Nous publions ci-après le texte intégral de sa mise au point.
Karim Bouali
«Mise au point
Usant de mon droit de réponse, je vous prie de bien vouloir publier la mise au point suivante. Dans votre article "Des enfants de hautes personnalités cités mais non poursuivis", dont le titre barre la Une de votre édition du mercredi 4 décembre, vous avez cité mon nom, en reprenant les propos de l’avocat d’un des prévenus dans une affaire de trafic de drogue impliquant 22 personnes. Selon le prévenu, dont l’auteur de l’article a escamoté les propos – sciemment ou par manque de professionnalisme –, j’aurais "l’habitude de consommer de la cocaïne", en laissant entendre, insidieusement, par ailleurs, que je serais propriétaire d’un bateau de plaisance amarré au port d’El-Djamila. Vu la gravité des accusations qui sont proférées contre ma personne, dans le but inavoué, encore une fois, de salir la réputation de mon père, j’affirme que toutes les informations rapportées dans cet article sont un tissu de mensonges. Le procès-verbal de l’audience – dont je détiens une copie que j'ai réclamée après avoir constaté que mon nom avait été cité dans le procès – confirme, en effet, que le prévenu, acculé par le juge, a avoué qu’il ne faisait que colporter une rumeur à mon égard, puisqu’il affirme ne m’avoir jamais vu impliqué dans ce genre d’affaires illégales : – Le juge : "Ces gens que vous citez, vous achetaient-ils de la cocaïne ?" – Le prévenu : "Non, je n’ai jamais traité avec ces gens-là, mais je sais que certains d’entre eux consomment de la cocaïne." (PV, page 6). – Le juge : "Avez-vous quelque chose à ajouter ?" – Le prévenu : "Ma seule relation dans cette affaire, c’est Farsi Tayeb uniquement. C’est le seul qui me laissait des quantités de cocaïne pour ma consommation personnelle, et ce, gratuitement. Je n’ai donc aucune relation avec [eux], hormis une connaissance superficielle lorsqu’ils se rendent à la plage d’El-Djamila en été." (PV, page 7). Il est clair, donc, que le prévenu n’a fait que reprendre à son compte les on-dit, sans aucun fondement ni aucune preuve. Je mets au défi votre journal de prouver à ses respectables lecteurs la véracité de ses allégations, basées sur le plaidoyer d’un avocat dont la tactique de défense, fort simple, consiste à chercher des coupables ailleurs. Enfin, je suis peiné de constater qu’un journal aussi ancien qu’El-Watan s’adonne à ce jeu malsain de manipulation à coups de titres racoleurs, sans se soucier le moins du monde du préjudice moral qu’un tel comportement peut causer aux personnes qu’il cite dans ses colonnes et qu’il ne prend pas le soin de solliciter pour prendre note de leur version des faits, au préalable, comme le dictent la déontologie et l’éthique professionnelle.
Sofiane Nezzar»
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