Plus de 100 membres du FLN se plaignent d’Amar Saïdani auprès du président de la République
La crise au FLN est telle que le président de la République est vivement interpellé. Ne supportant plus les «errements» d’Amar Saïdani, nouveau secrétaire général du parti dont l’élection est contestée, 110 membres du comité central ont trempé leur plume dans l’encrier pour demander au chef de l’Etat d’intervenir afin de remettre sur les rails le FLN dont il est le président d’honneur. Rappelant le contexte de cette crise qui perdure depuis des années, les rédacteurs de la lettre, dont le trublion Abdelhamid Si Affif, qualifient la situation du parti de «très grave» et estiment que Saïdani a franchi la ligne rouge, en s’attaquant sans ménage à des institutions de la République et en prenant des décisions sans la moindre consultation des instances dirigeantes. Pour ces membres du CC, Amar Saïdani n’a pas la légitimité qui lui permettrait d’agir de la sorte, narguant tous les cadres et militants du parti. Ils soulignent clairement dans leur lettre que son élection, lors d’une session extraordinaire du comité central, le 29 août à l’hôtel El-Aurassi, a été entachée d’irrégularités. Ils affirment que la procédure légale dictée par la loi sur les partis n’a pas été respectée, notamment en ce qui concerne les articles 45, 46 et 49 qui définissent les conditions de convocation et de validation d’une telle rencontre organique. Aussi relèvent-ils l’absence lors de cette session d’un huissier de justice, indispensable pour approuver ses résultats. A cela s’ajoute la non-vérification nominative des membres présents, des absents et des personnes présentes par procuration. Lors du vote, ils affirment qu’il n’y a eu aucun comptage des voix, ni la vérification de la qualité des votants. Pour ces frondeurs, des extras ont participé à cette session, exclusivement réservée aux seuls membres du CC. Dans cette lettre, ils attestent que la session de novembre lors de laquelle a été désigné et approuvé le bureau politique s’est tenue dans les mêmes conditions illégales que celle du mois d’août, ce qui rend, à leurs yeux, la direction actuelle «totalement illégitime». Les rédacteurs de cette lettre remontent également à la session du 31 janvier qui a permis la destitution, par le biais de l’urne, de l’ancien secrétaire général Abdelaziz Belkhadem et appellent avec «insistance» le président Bouteflika à agir pour créer les conditions adéquates à la tenue d’une session du comité central, qui permettra l’élection d’une nouvelle direction dans la légalité et la transparence. Pour ces membres du CC, Amar Saïdani a totalement dévié de la voie et des idéaux du FLN et se lance dans une aventure périlleuse, à la fois pour le parti et pour le pays. A souligner que Abdelaziz Belkhadem avait critiqué la gestion et les sorties médiatiques de Saïdani. Depuis la désignation du bureau politique, la contestation ne cesse de s’élargir. Une soixantaine de députés ont dénoncé la composante de ce bureau et appelé à une nouvelle réunion du CC. Les membres du BP eux-mêmes sont mécontents de la répartition des tâches telle qu’effectuée par Saïdani. Se sentant de plus en plus isolé, ce dernier s’est offert un voyage de villégiature dans la capitale française. Le président Bouteflika va-t-il réagir, lui qui a toujours voulu garder ses distances avec l’ex-parti unique ?
Sonia B.
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