Mandela chez Kadhafi
Par Kamel Moulfi – Toute l’actualité internationale est centrée sur Nelson Mandela et l’héritage qu’il laisse aux peuples de son continent, l’Afrique, et, plus largement, du monde entier. En observant ce qui se passe en Libye où le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, est annoncé pour la fin décembre, comment ne pas évoquer le voyage effectué en octobre 1997 dans ce pays, par Mandela, en tant que président de l’Afrique du Sud. Il y est allé pour rencontrer le colonel Mouammar Kadhafi en signe de solidarité avec la Libye alors soumise à un embargo utilisé comme arme pour faire plier ce dirigeant que les Occidentaux finiront par assassiner. Washington avait jugé «malvenue» la visite de Mandela. Cette pression n’a pas changé l’itinéraire du combattant sud-africain contre l’apartheid. Il a répondu fermement aux dirigeants américains en donnant sa conception des relations internationales : «Aucun Etat ne peut s'arroger le rôle de gendarme du monde et aucun Etat ne peut dicter aux autres ce qu'ils doivent faire.» Ces propos gardent, aujourd’hui, dans le contexte de notre région – Afrique et monde arabe –, toute leur validité. En relisant cette phrase, on ne peut être que plus surpris encore devant l’hypocrisie, aux dimensions inimaginables, étalée par les dirigeants occidentaux, après la mort de Mandela, qui versent des larmes de crocodile et se répandent en éloges auxquels manque, de façon flagrante, la sincérité. La Libye a été victime de l’agression de pays qui se sont érigés en gendarmes du monde et si ce n’était la fermeté de la Russie et de la Chine, ils auraient déjà déployé leur armada en Syrie et ce pays aurait connu le sort de la Libye «libérée» par l’Otan. Le nouveau régime libyen est incapable de restaurer la stabilité et la sécurité qui régnaient dans ce pays du temps de Kadhafi. Il n’est même pas en mesure de protéger les édifices qui ont une valeur historique comme le mausolée de Mourad Agha à Tajoura, à proximité de Tripoli, construit entre 1551 et 1553, et détruit au début de ce mois par des bombes placées par les terroristes qui profitent des conditions créées par le chaos sans fin qui règne en Libye.
K. M.
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