Tim Callen : «La croissance n’est pas assez vive en Afrique du Nord»
La contribution du secteur privé à la croissance et à l’emploi dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord est l’une des plus faibles au monde, selon une étude du Fonds monétaire international (FMI). Depuis 1980, les investissements du secteur privé au Moyen-Orient et en Afrique du Nord représentent en moyenne, selon le FMI, de 13 à 15% du PIB, contre près de 20% en Asie du Sud et 30% en Asie de l’Est. Dans un entretien accordé au Bulletin du FMI, Tim Callen, chef de mission du FMI pour l’Arabie saoudite, estime que dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord «la population du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord est très jeune et (que) beaucoup de ces jeunes seront bientôt en âge de travailler. Mais la croissance n’est pas assez vive pour créer suffisamment d’emplois et répondre aux aspirations des populations». Il relève que «l’Etat a joué un rôle central dans la croissance économique par le passé et cela ne peut continuer indéfiniment. Beaucoup de pays de la région accusent déjà de gros déficits budgétaires et n’ont guère de marges d’expansion, car la masse salariale du secteur public est déjà excessive dans bien des pays». Selon l’expert du FMI, l’activité privée sera donc manifestement essentielle pour le développement de la région à l’avenir. Il souligne que le taux de chômage global, tout comme le taux de chômage des jeunes – 10% et 24 %, respectivement – sont plus élevés que dans les autres régions et supérieurs aux taux mondiaux moyens – 6% et 13 %, respectivement. De plus, de nombreux obstacles s’opposent à la croissance des entreprises, surtout des PME. Par ailleurs, la participation à la vie active et les perspectives d’emploi des femmes demeurent limitées. Le taux de participation féminin de la région est de 22% ; il est toujours plus bas que partout ailleurs. Cela cause un sentiment d’exclusion et nourrit le mécontentement dans certaines parties de la région, note l’expert. Ce dernier rappelle que, dans ce contexte, le FMI a maintes fois conseillé aux autorités gouvernementales de promouvoir l’initiative privée de manière à développer les perspectives d’emplois et d’affaires pour tous. «La croissance devient solidaire lorsqu’elle profite à toutes les couches de la population, et non à un petit nombre de classes privilégiées. Les citoyens pourraient alors trouver du travail et satisfaire leurs aspirations, et les entreprises pourraient prospérer, quelle que soit leur taille, dès lors qu’elles portent des projets solides et viables», note le chef de mission du FMI, ajoutant qu’une plus grande participation des femmes à la vie active, y compris par la promotion de leur mobilité et de l’égalité des chances sur le marché du travail, pourrait aussi doper la croissance solidaire et la productivité. Dans bien des pays de la région, note encore l’expert, les politiques macroéconomiques n’ont pas été vraiment propices à la pratique des affaires. Selon le FMI, lorsque des incertitudes planent sur les principaux prix ou la politique macroéconomique, comme cela a été le cas dans beaucoup de pays de la région, les entreprises ont beaucoup de mal à faire des plans d’avenir.
M. Sassi
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