Ensher n’a rien dit
Par Kamel Moulfi – Quand il tient une conférence de presse à Alger, l’ambassadeur des Etats-Unis donne les informations qu’il veut voir circuler dans les médias algériens et non pas ce que veulent savoir les journalistes venus l’écouter. Ils ont eu, hier, des réponses pour le moins floues sur la situation de Chakib Khelil qui se trouve aux Etats-Unis, alors que la justice de son pays voudrait bien l’entendre sur l’affaire de corruption qui a sali Sonatrach. L’ambassadeur n’ignore pas que l’ancien ministre de l’Energie est sous le coup d'un mandat d'arrêt international et qu’aux dernières nouvelles, Interpol attendait seulement que les procédures judiciaires soient terminées pour lancer la recherche en vue de son extradition. Au cours de sa conférence de presse, Henry S. Ensher a tout juste promis que les journalistes seront informés sur cette question «dès qu’il y aura des résultats». On aurait bien voulu y croire s’il n’y avait pas d’exemples où les magistrats américains ont fait preuve d’une célérité remarquable, mais, finalement, aussi douteuse que la lenteur qu’ils mettent à renvoyer Chakib Khelil devant la justice algérienne, au vu du lourd dossier qui le concerne. Quand il le faut, ces magistrats savent ne pas s’embarrasser de procédures bureaucratiques ni de détails techniques, mais ils savent aussi faire traîner les choses en longueur si nécessaire. En fait, comme ailleurs, les magistrats aux Etats-Unis travaillent en fonction des données extrajudiciaires quand elles concernent leurs intérêts à l’étranger. L’extradition de l’ancien ministre de l’Energie vers l’Algérie comporte visiblement, aux yeux des Etats-Unis, un risque d’impact trop grand et incontrôlé sur la situation interne de notre pays. D’autant plus que le contexte électoral donnera une ampleur encore plus grande aux faits en les politisant. Alors, ce n’est pas de sitôt que l’affaire Sonatrach fera connaître toutes ses dimensions et ramifications. Chakib Khelil peut continuer à couler de beaux jours au pays de l’Oncle Sam.
K. M.
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