Essais nucléaires : la France refuse d’indemniser les victimes
L’Etat français refuse d’indemniser les victimes des essais nucléaires effectués en Algérie et en Polynésie, selon des révélations faites par l’Association des vétérans des essais nucléaires qui regroupe notamment des représentants de victimes algériennes et polynésiennes. Ainsi, sur 740 demandes reçues par le Comité d’indemnisation français, 728 demandes ont été rejetées, selon une le président de l’association, Jean-Luc Sans. «Nous demandons que l’ensemble des demandes d’indemnisation, à ce jour refusées, soit à nouveau examiné avec le bénéfice du débat contradictoire», a déclaré le président de l’Aven. L’association entend défendre les intérêts des victimes des essais nucléaires intervenus dans le Sahara algérien et ceux effectués en Polynésie, et leur garantir des indemnités pour le préjudice et les maladies subis suite aux essais. Malgré l’adoption d’une loi le 5 janvier 2010, dite loi Morin, prévoyant une procédure d’indemnisation pour les personnes atteintes de maladies résultant d’une exposition aux rayonnements des essais nucléaires, l’Etat français refuse toujours d’indemniser la grande majorité des victimes recensées. Le 29 novembre dernier, l’Assemblée française avait même apporté des modifications à la loi à travers trois amendements visant à l’améliorer. En vertu des changements introduits, le Comité d’indemnisation (Civen) est devenu une entité complètement indépendante, comptant au moins une personnalité scientifique qualifiée, désignée par les associations de victimes et permettant l’examen des demandes d’indemnisation en présence du plaignant ou de son représentant. Il est à noter que la loi prévoit une procédure d’indemnisation pour toute personne, civile ou militaire, souffrant de l’une des 18 maladies radio-induites dues à son exposition aux essais nucléaires .Si la victime est décédée, son ou ses ayants droit peuvent déposer une demande d’indemnisation. Il faut savoir que de 1960 à 1998, la France a procédé à 210 essais nucléaires. Le premier site choisi fut Reggane, dans le Sahara algérien, où le Centre saharien d’expérimentations militaires (CSEM) a réalisé quatre essais atmosphériques : Gerboise bleue, Gerboise blanche, Gerboise rouge et Gerboise verte, de février 1960 à avril 1961. Puis, un nouveau site est installé dans le Hoggar à proximité d’In Ekker. Le Centre d’expérimentations militaires des oasis (CEMO) a procédé à 13 essais souterrains de novembre 1961 à février 1966. A l’indépendance de l’Algérie en 1962, la France choisit de continuer ses essais en Polynésie. Le Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP) est ainsi officiellement créé en juillet 1963. De 1966 à 1996, la France réalise 193 expérimentations nucléaires dans le Pacifique. Les expériences se répartissent en 41 essais aériens, 137 essais souterrains et 15 expériences de sécurité. Selon les statistiques officielles françaises, 150 000 personnels civils et militaires auraient participé aux essais nucléaires français. Les populations locales ont été contaminées sur plusieurs générations.
Meriem Sassi
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