Pourquoi le tapage médiatique autour du déploiement des forces combinées à l’est de Béjaïa ?
Des informations contradictoires truffées de supputations parfois farfelues continuent à alimenter les discussions relayées systématiquement par la presse autour du grand déploiement des forces combinées conduites par l’ANP dans le massif des Babors, à l’est de Béjaïa, sur un périmètre allant des hauteurs d’Amizour à Aït Smail, près de Kherrata. Alors que certains titres parlent d’une opération de bouclage visant «une réunion de dirigeants importants d’Aqmi», avançant que les forces déployées en grands renforts cherchent à fermer tous les accès aux terroristes, et que leur présence en force près des agglomérations notamment viserait à empêcher que ces terroristes, assiégés, ne prennent en otage des citoyens, d’autres sources évoquent une opération de ratissage classique qui aurait déjà abouti à la reddition d’un certain nombre de terroristes dans cette région bouclée depuis trois jours. Or, en l’absence de communication officielle à ce sujet, toutes ces informations restent de la pure spéculation. Un observateur local averti n’écarte pas l’hypothèse d’une simple manœuvre des forces combinées dans une région offrant, au contraire, toutes les caractéristiques d’une zone sécurisée. Et même s’il s’agit d’une véritable opération de ratissage visant des repaires de terroristes, celle-ci doit se faire loin de tout tapage médiatique, ajoute notre source. On se souvient qu’en 2007, l’état-major de l’ANP a été amené à réagir vigoureusement contre la médiatisation intense, assurée par des journaux avides de sensationnel, d’une grande opération de ratissage menée par les forces combinées contre un groupe important de terroristes signalé dans cette même région, au lieudit Bordj Ouamane, sur les hauteurs d’Amizour. Le même scénario est reproduit avec le même décor ! Certains titres de la presse nationale avaient alors organisé une couverture ostentatoire, relayant des rumeurs et se permettant de livrer des plans d’attaque et des bilans pour annoncer que la direction de l’ex-GSPC y était encerclée et que la majeure partie d’entre elle aurait péri. Certains médias avaient même parlé de pilonnage et de bombardement intensifs de ce massif forestier pour débusquer 150 terroristes qui s’y seraient retranchés. Cette médiatisation jugée intempestive a fini par exaspérer l’état-major de l’ANP qui a tenu à le faire savoir.
Rabah Aït Ali
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