Quand un syndicat de commerçants se mêle de politique
L'Union générale des commerçants et des artisans algériens (UGCAA), comme le CLA avant elle, deux syndicats socioprofessionnels, le premier censé défendre les intérêts des commerçants, le second ceux des enseignants, glisse vers l'activisme politique. Alors que le Conseil des lycées d’Alger (CLA) était intervenu avec véhémence, il y a quelques mois, dans le débat ayant suivi la destitution du président égyptien Mohamed Morsi, en dénonçant ce qu’il a appelé «l’arrêt du processus démocratique», voilà qu’une autre organisation dont la mission consiste à défendre les intérêts de ses adhérents intervient dans la pré-campagne électorale pour la présidentielle pour soutenir Bouteflika. Invoquant l’intérêt national, l’'UGCAA déclare «soutenir le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour un quatrième mandat ». Le syndicat considère que Bouteflika a permis au pays de réaliser de grands progrès dans tous les domaines, donnant à l’Algérie une place de premier plan sur la scène continentale et internationale. Des prises de position politique qui rappellent le temps révolu des organisations de masses satellitaires du FLN. L'UGCAA, qui endosse un rôle qui n’est pas le sien, perpétue des pratiques d’un autre temps en outrepassant son rôle de défense des travailleurs pour se mêler de politique. Sous couvert de la lutte syndicale, le syndicat des commerçants comme d’autres organisations syndicales relayent les prises de position de partis eux-mêmes incapables de se départir de la soumission au clan présidentiel. Le CLA, par exemple, était un symbole de lutte syndicale cher à feu Redouane Osmane, un militant de gauche convaincu et désintéressé. Sa lutte pour les intérêts de sa corporation et pour tous les démunis restera à jamais dans les annales du syndicalisme algérien. Aujourd’hui, le CLA semble être passé sous la mainmise des activistes islamistes qui dévoient le syndicat de sa mission et le mettent au service de la politique. L'UGCAA est également sur une ligne tout aussi servile aux partis politiques, ceux qui ont décidé depuis quelque temps de déployer comme seul programme, encore une fois, le slogan de soutien à Bouteflika. Un chemin que le syndicat des commerçants a apparemment décidé de prendre, au lieu d’œuvrer à mettre de l’ordre dans l’anarchie qui règne dans son domaine d’intervention.
Meriem Sassi
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