Merci pour la compote !
Par Meriem Sassi – Les Français ont-ils réellement l’intention de considérer un jour l’Algérie autrement que comme un immense marché sur le pas de l’Europe ? La réponse aurait pu être optimiste, il y a encore quelques heures, lorsque tous les projecteurs étaient braqués sur la grande messe économique organisée à Alger à grand renfort de propagande et d’effets d’annonces, en faveur de la «ferme volonté» de la France d’investir en Algérie. Depuis le départ d’Ayrault, de ses ministres et de la centaine de patrons qui l’accompagnaient, après une virée sous le soleil d’Alger, le doute n’est malheureusement plus permis. Le constat est sans appel et ne souffre aucun doute. En guise de contrats productifs et de transfert technologique, le Medef, l’organisation patronale française, n’a laissé sur la table soigneusement préparée à Alger en son honneur qu’une poignée de protocoles insignifiants sans aucune échéance précise, pour la fabrication de… compotes et de joints de chaussée. Dans le discours politique, pourtant, la barre a été mise très haut et la réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau activement préparée, en vue d’un partenariat économique «gagnant-gagnant» devant être amorcé par la signature de contrats importants. Un matraquage médiatique a été savamment orchestré – à Alger plus qu’à Paris, d’ailleurs –, sans vraiment masquer la réalité. Les amabilités et les mondanités protocolaires ont peut-être décrispé les relations politiques et occulté pour un temps les exigences mémorielles, mais elles n’auront absolument rien apporté sur le plan économique. Un maigre bilan qui ne manquera pas de profiter à d’autres partenaires autrement plus engagés aux côtés de l’Algérie. La percée de la Chine en est le meilleur exemple.
M. S.
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