Argent sale
Par Karim Bouali – Les députés ont paru bouder la prestation de Mohamed Laksaci, le gouverneur de la Banque d’Algérie, venu leur parler de la situation financière du pays. Ils n’étaient pas nombreux à occuper les bancs de l’hémicycle pour la séance – tant attendue dans d’autres pays – de présentation du rapport de cette institution qui est d’une importance primordiale, non seulement pour l’activité économique, mais dans la vie de tous les jours. C’est de son imprimerie que sort l’argent dont on a besoin. Mais les députés ont un bon salaire et ne règlent visiblement aucune facture, ce que dit Laksaci ne présente pas d’intérêt pour eux. Il leur arrive, toutefois, pour leurs menus achats, d’avoir en main les billets pourris de 200 DA avec lesquels le commun des Algériens, qui paient tout de leur poche, a commencé à régler le montant des dépenses pour avoir accès à la 3G. Cette image reflète bien les paradoxes de notre pays : la 3G payée en espèces à l’aide de billets de banque tellement sales et déchirés-recollés qu’ils font honte à leur utilisateur. Enfin, bonne nouvelle : Laksaci a annoncé que ces billets seront retirés de la circulation à la fin de l’année prochaine. En attendant, ils restent les bienvenus dans les pompes à essence et les commerçants dans les marchés les acceptent aussi, sinon ils perdraient leurs clients. Mais déjà, les 1 000 et 500 DA commencent à ressembler à leur «petit frère» de 200 DA. Problème : les billets algériens pourrissent très vite parce qu'ils sont faits dans un papier de très mauvaise qualité et, surtout, parce qu'on n'a pas instauré en Algérie – à cause l’immense retard du système bancaire et d'une mentalité dépassée – des habitudes saines : paiement par carte bancaire, par chèque, par internet, etc., y compris pour les petites dépenses. Où en est l’obligation de règlement par chèque pour les achats dépassant un certain montant ? Résultat : les billets sont non seulement manipulés de façon excessive et peu hygiénique, mais ils sont souvent aussi stockés dans des lieux inappropriés et de façon illégale, chez la mafia du marché noir et de la contrebande. Il ne suffit pas de changer les billets pourris ; il faut changer les mentalités et combattre les gros trafiquants de tous bords qui achetaient et achètent toujours le très rare billet de 2 000 DA à 2 100 DA, pour optimiser le stockage des grosses sommes dans des sous-sols blindés.
K. B.
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