Bouteflika veut-il vraiment d’un quatrième mandat ?
Si les fidèles d’Amar Saïdani ont mené des semaines durant une campagne tambour battant pour la représentation du président Bouteflika à un quatrième mandat, le groupe de l’ancien coordinateur du bureau politique du FLN, Abderrahmane Belayat, affiche une certaine réserve quant à son soutien au chef de l’Etat. Dans la déclaration sanctionnant la réunion «organique» tenue mercredi à Alger et signée par Belayat, les contestataires de l’actuel secrétaire général du FLN affirment qu’ils soutiendraient automatiquement le président Bouteflika «s’il décidait de se représenter». Cette précision vaut son pesant d’or. Elle nous rappelle que le chef de l’Etat ne s’est pas encore exprimé sur le sujet et laisse entendre, en même temps, qu’il est pratiquement acquis qu’il ne briguera pas un autre mandat. Placée à la fin du communiqué, cette annonce confirme également que le groupe de Belayat n’appelle pas, comme le fait Saïdani, le président Bouteflika à aller vers un nouveau mandat présidentiel. Il ne lui met aucune pression. Autrement dit, si le chef de l’Etat désire prendre sa retraite à la fin de son mandat en cours, les cadres regroupés autour de Belayat ne vont pas le supplier de rester contre sa volonté pour des intérêts ou des motifs divers. Autour de Belayat, il y a des caciques bien introduits dans le système, des cadres qui sont au FLN depuis presque l’indépendance et qui connaissent parfaitement les arcanes du pouvoir et le fonctionnement du système politique. Leur position ressemble un peu à celle adoptée par le RND d’Abdelkader Bensalah, président du Sénat, un homme très proche du chef de l’Etat. Ces deux partis ne sont pas les seuls à afficher une certaine retenue sur le sujet. Le Premier ministre a adopté la même attitude lors d’une conférence de presse animée mardi dernier conjointement avec son homologue français, Jean-Marc Ayrault. Tout en rassurant sur l’évolution satisfaisante de l’état de santé du président Bouteflika, Abdelmalek Sellal avait fait cette réponse à une question sur un éventuel quatrième mandat qui n’a pas échappé à la vigilance des commentateurs de la presse nationale : «Le Président décidera de poursuivre ou pas sa mission en son âme et conscience.» Plus donc d’affirmations et d’appels flamboyants pour un mandat supplémentaire. D’autres partis continuent à exprimer leur soutien à Bouteflika, tout en relativisant : «S’il décide de se représenter». Cette attitude plutôt réservée dans le soutien pour un autre mandat du président sortant semble fragiliser Amar Saïdani qui s’est fortement engagé sur le sujet. D’ailleurs, il s’est étrangement tu depuis pratiquement le 16 novembre dernier, date de la tenue de la session ordinaire du comité central du FLN. Pour certains observateurs, Amar Saïdani aurait été rappelé à l’ordre par la Présidence. Pour ses adversaires au FLN, à leur tête Abderrahmane Belayat, Saïdani utilise la carte du quatrième mandat pour faire croire qu’il est chargé de mission le temps d’asseoir son autorité au sein du parti. Selon un membre de l’équipe de l’ex-coordinateur du BP, de nombreux cadres ont bien compris ces «manœuvres» et reconsidéreraient leur engagement aux côtés de l’ancien président de l’APN. Dans ce contexte d’incertitudes et de flou politique, la contestation au FLN va en grandissant. Une nouvelle bataille juridique est livrée par le groupe de Belayat contre Saïdani, en saisissant à nouveau la justice. Parallèlement à cette action judiciaire, les redresseurs préparent activement la tenue d’une session extraordinaire du comité central. Une session qu’ils veulent organiser conformément aux statuts afin, disent-ils, d’élire un secrétaire général. Car, pour eux, le poste est encore vacant et le bureau politique reste l’unique instance qui puisse diriger le parti à l’heure actuelle. Le FLN est plus que jamais divisé. Son avenir demeure aussi incertain que celui de Bouteflika à la tête de l’Etat.
Sonia B.
Comment (31)