L’opposition syrienne démocratique : «L’ambassadeur américain Robert Ford veut s’introniser gouverneur de la Syrie»
Haytham Manna, chef du département de la diaspora syrienne au sein de la Coordination nationale des forces du changement démocratique, qualifie Robert Ford, le responsable du dossier syrien au département d'Etat, de «Paul Bremer de la Syrie», en référence à l'ancien proconsul des Etats-Unis à Baghdad lors de l'invasion américaine de l'Irak. «L’ambassadeur Ford se comporte comme s’il était le Paul Bremer de Syrie, l’homme pour lequel les Etats-Unis ont dépensé des milliards de dollars pour l’introniser gouverneur américain de l’Irak, après l’invasion de 2003, et le doter de pleins pouvoirs», a déclaré l’opposant syrien dans une déclaration à United Press International (UPI). Haytham Manna fait part, en outre, de son «scepticisme» quant aux chances de succès de la conférence Genève-2 sur la Syrie en raison précisément des prérogatives dont dispose Robert Ford. «N’est-il pas risible de voir Robert Ford se précipiter pour nouer le dialogue avec le Front islamique et se heurte à leur refus, alors qu’il ignore les unités de protection du peuple syrien, opérant sur le terrain, au programme conforme à Genève-1, de même qu’il ignore également le Comité de coordination, le père spirituel de tout règlement politique en Syrie ? Qui peut croire un seul instant que quiconque se comporte de la sorte cherche véritablement le succès de Genève-2 ?» se demande le représentant de l’opposition démocratique syrienne. « Il nous paraît exclu que la conférence de Genève se tienne à la date prévue, le 20 janvier 2014. De surcroît, des informations en notre possession font état de l’intention prêtée au régime syrien de demander le report de la conférence», affirme Haytham Manna, «Je pense que le peuple syrien est infiniment plus intelligent qu’on ne le pense. Mais le problème aujourd’hui réside dans le fait que les prérogatives conférées à Robert Ford dans la détermination du contour de Genève-2 nous mènent directement vers l’échec.» Pour l’opposant syrien, «le diplomate américain opère la sélection de la délégation sur des critères fondés sur leur proximité avec l’administration américaine et non sur les critères de compétence propres aux personnalités choisies ou sur leur aptitude à diriger une délégation de l’opposition en mesure de défendre les droits légitimes du mouvement de protestation syrien». Manna réaffirme avec force que «la voix de la Syrie ne saurait être subordonnée au principe selon lequel les négociateurs syriens seraient des commis et non des partenaires, alors que la Syrie vit une situation révolutionnaire depuis trois ans».
Meriem Sassi
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