La leçon de courtoisie
Par Meriem Sassi – Ramtane Lamamra aura eu une grande élégance en répondant à François Hollande dont les propos très bas de gamme ont laissé clairement transparaître tout le «bien» qu’il pense de notre pays, dans l’intimité de son entourage. Lamamra aura eu des propos mesurés, dignes d’un homme de sa stature, de sa mission et de ses valeurs diplomatiques, mais la fermeté de son intonation et les mots choisis étaient autant de mises en garde et de remises à l’ordre au président français. La retenue de l’homme a fait justement toute la force de son intervention, contrairement à ce que pensent certains. Pas d’hystérie, pas de mots déplacés, mais une intonation sereine qui avait le poids d’un lourd désaveu face aux propos irresponsables de Hollande. Celui-ci a été taclé sur le manque d’élégance et de tact qu’il a montré malgré la mission qu’il occupe à la tête de l’Etat français. Il a été invité, en toute subtilité, à corriger ses propos pour clore l’année qui s’achève sur une note positive dans les relations entre les deux pays. Lamamra qui a utilisé un mot relevant de la sémantique économique, «moins-value», aura aussi lancé quelques flèches aux Français accourus à Alger pour préserver un marché qui commence à leur échapper. De plus, le hasard a fait que les mises au point de Lamamra ont été faites lors d’une conférence de presse avec le ministre chinois des Affaires étrangères en visite à Alger. Un partenaire qui s’implante sur le marché algérien et qui déclasse les Français dans leur position de premier fournisseur de notre pays. Une place que la France veut à garder coûte que coûte, alors qu’en matière d’investissement productif elle fait la sourde oreille. Les Chinois auront été encore une fois au bon endroit et au bon moment, et ils auront pris acte de ce énième soubresaut entre Alger et Paris. Lamamara les a invités, d’ailleurs, à accroître leurs investissements productifs en Algérie, comme il le fait inlassablement avec d’autres hommes d’affaires d’autres pays. Depuis quelques semaines, il met les bouchées doubles pour superviser les visites d’investisseurs potentiels et parrainer les paraphes. Les Français faisaient partie de tous ceux qui transitent par l’aéroport d’Alger, ni plus ni moins. Sur ce plan, ils peuvent faire leur choix comme bon leur semble. Lorsqu’il s’agit de la dignité et de la réputation des Algériens, les critères d’évaluation ne sont plus les mêmes. L’Algérie isolée, en premier plan par la France, pendant dix ans, s’est relevée toute seule. Elle jalouse sa sécurité et ne permettra pas à Hollande de toucher à sa stabilité retrouvée au prix de lourds sacrifices. Donc acte.
M. S.
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