Abdelkader Messahel envisage des changements à la tête des médias lourds publics et de l’Anep
Les médias lourds publics, télé et radio, et la régie publicitaire publique Anep s’apprêteraient à connaître de grands chamboulements au niveau de leurs directions, a-t-on appris de sources sûres. Le ministre de la Communication, Abdelkader Messahel, fidèle parmi les fidèles à Bouteflika, multiplie les réunions de consultations ces dernières semaines pour procéder aux changements voulus en haut lieu. Les médias publics ne pouvaient rester en marge du mouvement qui s’est opéré en prévision de la présidentielle de 2014 et qui a touché jusqu’ici des institutions et des départements ministériels, traditionnellement impliqués dans l’organisation ou le contrôle du scrutin. L’arrivée d’Abdelmalek Sellal à la tête du gouvernement, en remplacement d’Ahmed Ouyahia, a constitué le point de départ de ce remue-ménage à visées électoralistes, qu’ont trahi les désignations d’hommes du cercle présidentiel à la tête des ministères de l’Intérieur et de la Justice. Et comme les médias lourds ont un rôle à jouer en prévision de cette échéance électorale décisive pour le clan présidentiel, ce dernier ne pouvait laisser ce secteur échapper à sa mainmise. Certes, les personnes nommées à la tête des organes de presse publics ont toujours été désignées sur la base de l’allégeance au pouvoir en place. Mais les derniers événements enregistrés à différentes échelles de l’actualité nationale semblent avoir dicté d’autres remodelages. La polémique, née il y a quelques jours de la diffusion par la chaîne Canal+ d’images de l’audience accordée par le président Bouteflika au Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, a, selon toute vraisemblance, pesé dans ce qui s’apparente à une effervescence préélectorale au niveau des hautes sphères de l’Etat. Toutefois, ce fait ne pourrait se suffire à lui seul pour expliquer les limogeages et désignations à venir. Le contenu des programmes télévisuels et radiophoniques des médias publics n’est peut-être pas sans lien avec les consultations engagées par M. Messahel. Pour l’Anep, les motivations du changement envisagé à la tête de la régie publicitaire semblent plus claires et d’aucuns y voient un lien direct avec le scandale de la gestion clientéliste de la publicité institutionnelle qui a éclaté il y a quelques mois et dans lequel le premier responsable du service presse du DRS a même été cité. La politique de distribution de l’énorme manne publicitaire étatique, outrageusement utilisée comme un moyen d’influence et de contrôle sur la ligne éditoriale des titres, mais aussi pour enrichir indûment la clientèle du régime, n’avait pas manqué de susciter des réactions les plus furieuses au sein de l’opinion.
Amine Sadek
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