Le président de la Banque mondiale : «La corruption est l’ennemi public numéro un dans les pays en développement»
Jim Yong Kim a décrit à l'occasion d'un événement organisé par la vice-présidence de l'Intégrité, l'organe de la Banque mondiale spécialisé dans les enquêtes concernant la lutte contre la corruption, les effets pernicieux que peut avoir la corruption. «Chaque dollar mis en poche par un agent public corrompu ou un entrepreneur corrompu est un dollar volé à une femme enceinte qui a besoin de soins de santé ; à une fillette ou un garçon qui mérite d'avoir accès à l'éducation ; ou à des populations qui ont besoin d'eau, de routes et d'écoles.» Une réalité que l’on vérifie depuis des années dans notre pays. Les affaires Khalifa, Hadjas et Khelil, entre autres, ont fait perdre à l’Algérie des centaines de milliards de dollars, handicapant les efforts de développement et privant le peuple de ressources indispensables pour son bien-être. Des affaires qui en plus ne sont que la partie visible de l’iceberg. Il faut dire que le milieu des affaires et des passations des marchés publics ont malheureusement intégré des pratiques peu scrupuleuses en Algérie, faisant perdre au Trésor public des sommes colossales et portant un sérieux coup à la crédibilité de l’Etat. La désillusion qui gagne la population, et notamment les jeunes dans notre pays, est grandement liée à ce phénomène qui s’est consolidé durant la décennie noire – toute situation de chaos étant propice à ce genre de trafics –, et qui a fini par éclater au grand jour, de la pire des manières et au plus sommet de l’Etat. L’impunité jusque-là constatée a fini par creuser l’écart entre le peuple et ses gouvernants, la confiance ayant laissé place à une suspicion tous azimuts. L’extradition de l’homme d’affaires Abdelmoumen Khalifa permettra peut-être, si elle se confirme, au-delà des enjeux électoralistes qu’elle cacherait, de remettre de l’ordre et de redonner une lueur d’espoir aux Algériens aujourd’hui désabusés par tant de gâchis. En déclarant que la corruption constitue l'«ennemi public numéro un» dans les pays en développement, le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, a invité les partenaires du monde en développement et le secteur privé à faire partie de la solution. «Premièrement, il nous faut améliorer notre manière de partager et de mettre en application les connaissances sur l'édification d’institutions soucieuses d'une plus grande intégrité ; deuxièmement, nous devons mettre l'information et les moyens d'action à la portée des citoyens pour que leurs gouvernements soient plus efficaces et leur rendent davantage compte ; et troisièmement, nous devons créer un mouvement mondial qui nous permette de vaincre la corruption.» M. Kim a annoncé que le Groupe de la Banque mondiale mettrait sur pied un pôle d'expertises unique dans les domaines de l'État de droit, du secteur privé, de la gestion financière, de l'administration publique et de la passation des marchés publics.
Meriem Sassi
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