Médias français : «La boutade de Hollande laissera des séquelles»
Les «sincères regrets» de François Hollande ont désamorcé la mini-crise diplomatique entre Alger et Paris. Mais sa boutade ou plutôt «son dérapage verbal», comme le qualifient ses adversaires politiques en France, ne sera pas oublié de sitôt. Pour de nombreux commentaires et analyses de la presse de l’Hexagone, en exprimant dimanche ses regrets, François Hollande a pu «éviter une crise diplomatique majeure» avec l’Algérie. «Mais à plus long terme, estiment Antonin André et Fannie Rascle, deux commentateurs d’Europe 1, l’incident laissera des traces.» «Et en France, François Hollande, avec cette prise de parole non contrôlée, abîme sa propre stature présidentielle», ajoutent-ils, suggérant ainsi qu’il risque de perdre son capital sympathie en Algérie. Ces deux journalistes rappellent l’accueil chaleureux dont il a bénéficié lors de sa visite d’Etat de décembre 2012. «Le 20 décembre 2012, il y a un an quasiment jour pour jour, François Hollande avait prononcé un discours de réconciliation devant le Parlement algérien. Il avait alors reconnu l'utilisation de la torture, les massacres et le caractère injuste de la colonisation. Avec sa boutade, ce sont tous les effets positifs de ce discours qui sont annulés auprès de l’opinion algérienne», concluent-ils, s’interrogeant sur sa stature présidentielle. Car le président Hollande n’est pas à sa première gaffe. Et son humour fait de moins en moins rire. «Il y a quelques semaines, en visite dans une usine automobile à Monaco, devant un prototype baptisé Volage, François Hollande n’avait pu retenir sa blague. "Volage ? Ce n'est pas parce que le Prince Albert la conduit ?" C'est peut-être drôle, mais ça n'est pas du niveau d'un président», relève encore Antonin André. Francetvinfo rappelle ces blagues de trop de Hollande qui, estime ce média, n’a pas la réserve dictée par sa fonction présidentielle. Parmi les plus emblématiques, celle faite sur le pape François. Le 11 février 2013, François Hollande a déclaré : «Nous devons laisser l'Eglise catholique déterminer comment elle entend organiser cette succession… Et nous ne présentons pas de candidat.» Lors de sa visite d'Etat en Algérie en décembre 2012, François Hollande est interrogé par un journaliste sur la vente de la marque Orangina au Japon, «alors que c'est une propriété algérienne». «Voilà une information dont je n'avais pas connaissance», répond François Hollande qui poursuit : «Dès que le gouvernement japonais va être constitué, je viendrai à sa rencontre pour essayer de faire ce que je peux.» «En secouant beaucoup», ajoute-t-il. Le 20 mars 2013, Hollande plaisantait sur la démission de son ancien ministre du Budget, Jérôme Cahuzac. «Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, gouvernement strictement paritaire, non, il ne l'est plus, car, hélas !, un membre nous a présenté sa démission et nous ne l'avons pas remplacé, ce qui fait qu'il y a aujourd'hui plus de femmes que d'hommes», disait-il. Aussi, poursuit le même média, «lors de son passage au Salon de l'agriculture, en février dernier, François Hollande discute quelques instants avec des enfants contents de le voir autrement qu'à la télé. Puis l'un d'entre eux dit n'avoir jamais vu Nicolas Sarkozy. Du tac au tac François Hollande lui répond : "Eh ben ! tu le verras plus !", avec un grand sourire». Depuis son investiture en mai 2012, François Hollande enchaîne les plaisanteries à tout bout de champ, sur la météo, le chômage, le tapis rouge british, etc. Autrement dit, la plaisanterie est une seconde nature chez le président français ; il ne peut pas s’empêcher de faire des blagues même dans des rencontres très officielles. Il fait certes rire du monde, mais il irrite beaucoup aussi.
Sonia B.
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