Soutien aux islamistes armés en Syrie : Washington met en garde Doha et accentue l’isolement de Paris
Le revirement des Etats-Unis dans la crise syrienne se fait de plus en plus sentir, à la veille de la conférence Genève-2, prévue le 25 janvier prochain. Ainsi, le département d’Etat américain a réitéré son exigence à l’adresse des dirigeants de certains pays du Golfe de cesser toute forme de soutien aux djihadistes des deux principales organisations activant en Syrie, à savoir la Dawla islamiyya en Irak et en Syrie et le Front de la Nosrah, et aussi de juguler le flux de «combattants» étrangers sur le territoire syrien. Dans un récent communiqué diffusé à Bagdad, le département d’Etat a condamné les derniers attentats en Irak attribués à la Dawla islamiyya en Irak et en Syrie, qualifiant cette organisation de «filiale d’Al-Qaïda, qui est l’ennemi commun des Etats-Unis et de l’Irak et constitue une menace pour la région du Grand Moyen-Orient». Dans ce même communiqué, le département d’Etat exhorte les dirigeants des pays de la région à «prendre des mesures efficaces pour empêcher le financement et le recrutement des combattants au sein de ces groupes», citant la Dawla islmaiyya et le Front de la Nosrah. Cette exhortation officielle de Washington, qui s’apparente à une mise en garde et qui fait suite à une demande de Damas avant de s’engager dans un processus de négociations, a-t-elle une chance d’être entendue ? Lorsqu’on sait l’engagement d’un pays pourvoyeur comme l’Arabie Saoudite, relayant le Qatar au sein du CCG, dans le soutien aux groupes terroristes en Syrie, et celui de la Turquie, autre allié «stratégique» des Etats-Unis dans la région, qui ont tout misé pour obtenir la chute de Bachar Al-Assad et de son régime, on ne peut espérer un retournement de situation rapide sur le terrain. Les Etats-Unis s’étaient engagés à s’impliquer davantage dans une solution politique à la crise, suite à l’initiative russe sur l’arsenal chimique syrien. La France se trouve, ainsi, de plus en plus isolée dans le dossier syrien qui s'achemine vers un compromis avec Damas et une défaite militaire inexorable des groupes islamistes armés qui continuent d’y sévir, mais qui peinent à prendre le dessus sur une armée syrienne soutenue par la Russie et la Chine et résolue à en découdre.
R. Mahmoudi
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