Ghardaïa, Béjaïa, Bouira, Reghaïa : la rue gronde
Souk El-Tenine, dans la wilaya de Béjaïa, Bir Ghbalou, à Bouira, Ghardaïa, Reghaïa. Ce sont là quatre séquences d’une Algérie qui s’apprête à accueillir le début de l’année 2014 et le scrutin présidentiel décisif pour le pays, dans une ambiance électrique, héritage d’une gouvernance calamiteuse des affaires publiques. La journée de mardi a été, en tout cas, le théâtre de plusieurs foyers d’émeutes qui ont éclaté à Ghardaïa, Béjaïa, Bouira et Reghaïa, dans l’est de la capitale. Les revendications varient d’une région à une autre, mais la colère s’exprime presque de la même manière partout. Devant l’absence d’une prise en charge sérieuse et pérenne de leurs préoccupations et face à une administration de plus en plus sourde à leurs requêtes, les citoyens, à travers le pays, n’ont d’autre choix que de sortir dans la rue, de bloquer les routes, de s’en prendre aux biens publics. A Souk El-Tenine, à l’est de la ville de Béjaïa, le mouvement de protestation a été radical pour protester contre le retard pris dans le raccordement de la région au réseau de gaz de ville, dont le projet se trouve bloqué du fait de certaines oppositions de riverains. Deux tronçons routiers importants, la RN9 reliant Béjaïa à Sétif et la RN43 reliant Béjaïa à Jijel, ont été fermés à la circulation par la population qui a également observé une grève générale, faisant des communes de Souk El-Tenine et Melbou des villes mortes. Aux dernières nouvelles, les autorités locales au niveau de la wilaya ont décidé de prendre en charge le problème dès le début de la semaine prochaine. Dans la wilaya voisine, Bouira, la population de la commune de Bir Ghbalou a également eu recours, lundi et mardi, au blocage des routes pour se faire entendre de la part des autorités à propos de la question de l’aménagement urbain. L’intervention des forces de l’ordre a donné lieu à un affrontement avec les jeunes de la commune, dont certains se sont rendus coupables d’actes de vandalisme et de pillage sur des commerces et des biens publics et privés. Par ailleurs, à Ghardaïa, ce sont les vieux démons des affrontements intercommunautaires qui ont refait surface, provoquant une mobilisation extrême des forces de sécurité qui ont quadrillé la capitale du M’zab, afin d’empêcher une éventuelle reprise des échauffourées. Il est vrai que les derniers évènements d’une violence inouïe qui ont secoué la ville de Guerrara, dans la même wilaya et pour les mêmes motifs intercommunautaires, sont toujours dans les esprits. La capitale, Alger, n’est, elle non plus, pas à l’abri des mouvements de protestation. Alors que le brasier qui s’est déclaré à Baraki n’est pas encore éteint, c’est vers l’est, à Reghaïa précisément, qu’il s’est propagé. Deux jours durant, les habitants de la cité El-Bey ont procédé à la fermeture de la voie ferroviaire reliant Alger à l’est du pays, pour réclamer l’annulation du projet de centre d’enfouissement technique (CET) prévu dans cette localité.
Amine Sadek
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