La drôle de rumeur sur Abdelmalek Sellal
Une folle rumeur a fait le tour des rédactions et des réseaux sociaux, selon laquelle le Premier ministre serait sur le point d’être remercié. Cette «information», qui n’a pas été prise au sérieux, intervient à un moment sensible de la vie politique du pays. Le mois d’avril approche et la machine «électorale» s’emballe dans les coulisses où tous les coups semblent permis, sur fond de doute sur le devenir du président Bouteflika. La rumeur qui a ciblé Abdelmalek Sellal coïncide avec une série d’émeutes qui secouent le pays d’une façon quasi simultanée, si bien que d’aucuns se demandent si ces mouvements de protestation et ces affrontements interethniques à Ghardaïa – qui ne semblent pas vouloir se calmer – ne sont pas manipulés par ces mêmes organisations tapies dans l’ombre qui ne désespèrent pas d’allumer le brasier algérien depuis janvier 2011. Et qu’aurait donc fait Abdelmalek Sellal qui aurait suscité l’ire du cercle présidentiel au point de vouloir sa tête ? Le Premier ministre actuel, appelé en renfort pour pallier l’absence «physique» du président de la République depuis son grave accident vasculaire cérébral, a sillonné plus d’une trentaine de wilayas et compte achever sa «tournée nationale» avant la convocation du corps électoral pour la présidentielle, soit en janvier. Dans son périple qui l’a conduit aux quatre coins du pays, par alternance et par souci d’équilibre régional, Abdelmalek Sellal n’a eu de cesse de faire l’apologie du programme d’Abdelaziz Bouteflika dont il vante les réalisations, s’effaçant lui-même volontairement pour éviter que ses contacts directs avec la population et ses discours ne soient interprétés comme une tentative de faire de l’ombre au chef de l’Etat dont le mandat s’achève bientôt. Il faudrait s’attendre à des attaques frontales et plus agressives à l’avenir contre le Premier ministre dont la candidature à la magistrature suprême n’est pas à exclure. L’homme ayant à son actif plusieurs années dans l’administration, ayant gravi les échelons depuis ses premières fonctions dans les collectivités locales et connaissant donc les véritables problèmes que vivent les citoyens au quotidien. Abdelmalek Sellal tient également deux cartes maîtresses entre les mains : il est exempt des joutes politiques, car n’émargeant dans aucun parti, et a su se tenir à distance des affaires de corruption qui ont éclaboussé plusieurs départements ministériels, dont celui des Travaux publics, dirigé à l’époque par Amar Ghoul, ministre «imposé» dans son gouvernement dont il se passerait volontiers. Les jours à venir s’annoncent orageux pour un Premier ministre farceur mais pas naïf.
M. Aït Amara
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