Magistrats faussaires : étrange disparition et réapparition du dossier
Des mois après avoir informé les concernés de l’affaire dite des magistrats faussaires de la disparition du dossier, la Cour suprême vient de se rendre compte que, finalement, et par enchantement, le dossier était toujours entre ses mains. Et la plus haute instance de la hiérarchie judiciaire est même, visiblement, impatiente de faire passer le dossier. Incroyable, mais vrai ! Cette rocambolesque histoire du dossier des magistrats faussaires donne, en tout cas, une idée précise sur le degré d’inféodation de certains magistrats algériens à des forces occultes qui les utilisent à leur gré. Sinon, comment une Cour suprême peut-elle se permettre d’annoncer, comme si de rien n’était, qu’un dossier comme celui des magistrats faussaires était égaré et programmer, des mois plus tard, l’affaire opposant le moudjahid et ancien cadre au ministère de la Justice, Benyoucef Mellouk, à deux anciens ministres, celui de l’Intérieur, Mostefa Mohammedi, et celui des Moudjahidine, Mohamed Djeghaba. Que cache cette célérité dans le traitement d’une affaire dont les plaintes remontent à 1992 ? Pourquoi plus exactement maintenant, au moment où Abdelmoumen Khalifa est extradé en Algérie ? Y a-t-il un lien entre ces deux affaires ou est-ce juste le contexte préélectoral qui a motivé tout ce remue-ménage dont les objectifs restent à élucider ? L’autre fait qui a intrigué y compris les personnes poursuivies dans ce dossier, c’est le black-out qui a entouré, jeudi, le traitement de cette affaire qui n’est, en effet, pas inscrite au registre du rôle, ni dans le tableau d'affichage des procès programmés, comme c'est de coutume. L'avocat Mokrane Aït Larbi n'a pas pu assister au procès, surpris lui aussi par ce mystérieux empressement à faire passer le dossier. Et lorsque les concernés ont demandé des explications auprès du greffe de la Cour sur ces bizarreries, la seule réponse à laquelle ils ont eu droit, fut: «Ce sont les instructions !». Les instructions de qui ? Une instance judiciaire aussi importante que la Cour suprême peut-elle se permettre un fonctionnement qui obéit à d’autres lois que celles de la République ? Une autre étrangeté est apparue dans ce dossier : après son traitement à huis-clos, l’affaire est mise en délibéré jusqu’à dimanche. C’est, selon toute vraisemblance, ce jour que le verdict sera connu. Les magistrats vont donc travailler durant ce week-end pour rendre un verdict en début de semaine prochaine dans une affaire qui n’a pas livré tous ses secrets. Le ministre de la Justice actuel est-il pour quelque chose dans la programmation de cette affaire, lui qui était, on s’en souvient, le président du Syndicat national des magistrats à l’époque de la révélation du dossier des magistrats faussaires ? Cette affaire, rappelons-le, dénonçait des magistrats qui avaient utilisé de fausses attestations communales pour acquérir le statut de moudjahid.
Amine Sadek
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