Recoller les morceaux
Par Karim Bouali – Les nouveaux dirigeants libyens ont compris que le salut de la Libye est dans son prolongement à l'ouest, c'est-à-dire l'Algérie, seul pays avec lequel elle peut traiter en toute confiance. L'Algérie étant fidèle à son principe de non-ingérence et à sa conviction maintes fois répétée que les problèmes de la région et du continent ne sauraient être réglés que par les pays du champ eux-mêmes sans aucune intervention étrangère. La Libye a appris la leçon depuis la parenthèse Bernard-Henri Lévy. En fait, il semble bien que, dans les conditions actuelles, seule l’Algérie est en mesure de sauver la Libye. D’abord, sans doute parce que notre pays le veut ; c’est même une évidence, ne serait-ce que par devoir de reconnaissance envers ce pays qui a soutenu notre guerre de Libération menée contre le colonialisme français qui, lui, était soutenu par l’Otan. Des années plus tard, en 2011, c’est la même Otan qui lui porta un coup fatal sous l’instigation de Sarkozy, Obama et Cameron. Aujourd’hui, pour présider la réunion de la grande commission mixte algéro-libyenne, Abdelmalek Sellal arrive dans un pays pratiquement détruit au plan institutionnel et plongé dans la tourmente d’une situation chaotique dont personne ne voit l’issue. Les qualités d’homme de terrain et les bonnes aptitudes à la diplomatie du Premier ministre ne seront pas de trop dans cette mission qui consiste en une tentative désespérée de recoller les morceaux de la Libye. Les dirigeants algériens connaissent bien ce «pays frère» avec lequel les relations bénéficient d’une forte dimension subjective. Ils ont conscience que la tâche est difficile, mais savent aussi où sont les priorités. Dans l’immédiat, c’est le côté sécuritaire qui sera traité en urgence. Ce n’est pas un hasard si c’est de Paris, où se tenait une rencontre franco-africaine sur la sécurité en Afrique, que Sellal a annoncé son voyage à Tripoli. Le retour de la Libye à la stabilité est un garant de la sécurité dans la région. Et pour cela, les Algériens comptent sur une relance sérieuse de la coopération entre nos deux pays.
K. B.
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