Affaire des magistrats faussaires : la Cour suprême rejette le jugement de la cour d’Alger
Benyoucef Mellouk, l’homme qui a révélé le fameux dossier des magistrats faussaires, peut crier victoire. Non pas qu’il ait gagné la guerre contre le système en place qui le traîne dans la boue depuis… 1992, mais pour avoir triomphé dans une des principales batailles pour la vérité. Les juges de la Cour suprême qui ont traité le pourvoi en cassation dimanche dernier ont tout simplement rejeté le jugement de la cour d’Alger qui avait condamné en mars 2010 ce moudjahid et ancien cadre au ministère de la Justice à quatre mois de prison ferme pour diffamation, confirmant le verdict prononcé à son encontre en première instance par le tribunal d’Alger. La machine judiciaire s’est liguée, avec une rare violence, contre ce courageux et honnête citoyen qui n’a fait que son devoir en dénonçant ces juges qui ont eu recours au faux pour se faire délivrer les fameuses attestations communales qui leur ouvraient grandes les portes des avantages accordés aux moudjahidine. Mais cette machine, jusque-là bien huilée, s’est brusquement grippée. Un vrai miracle. M. Mellouk nous a indiqué qu’il a appris la nouvelle par le biais de son avocat, Me Mokrane Aït Larbi. Les concernés s’attendaient à tout sauf à ce dénouement heureux dans une affaire qui opposait M. Mellouk à deux anciens ministres, celui de l’Intérieur, Mostefa Mohammedi, et celui des Moudjahidine, Mohamed Djeghaba, cités tous deux dans ce dossier de faussaires. Du moment que la Cour suprême a renvoyé l’affaire devant la cour d’Alger, le dossier sera rouvert de nouveau. Ce sera, en effet, l’occasion pour M. Mellouk et Me Aït Larbi de revenir en détail sur cette affaire grave, mais qui n’a suscité aucune réaction de la part des plus hauts responsables de l’Etat, y compris le président Bouteflika à qui le dossier a été remis dès son installation à El-Mouradia. Il est vrai que parmi les personnes citées dans le dossier des faussaires, certaines ont même été nommées à de hautes fonctions au sein de l’Etat et dans les structures judiciaires. L’un de ces trafiquants, puisqu’il s’agit bien de trafic, a même occupé un moment les fonctions de directeur général, tenez-vous bien, de l’Office central de répression de la corruption ! La décision de la Cour suprême donne en tout cas une chance pour le triomphe de la vérité. Mais cette mafia qui s'est répandu au sein du système judiciaire va-t-elle lâcher prise ? Rien n’est moins sûr, lorsqu’on sait que le dossier avait disparu au niveau de la Cour suprême durant des mois avant d’être retrouvé. Rien n’est gagné d’avance face à une justice, pour le moins qu’on puisse dire, imprévisible.
Amine Sadek
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