Evénements de Ghardaïa : les islamistes s’en mêlent
Profitant du silence incompréhensible et parfois intrigant de la classe politique sur les graves événements qui secouent depuis quelques jours la ville de Ghardaïa, et notamment des personnalités et des partis ayant un fort ancrage dans la région tels que le FLN et le FFS, les islamistes sont montés au créneau pour tenter de se replacer sur l’échiquier politique local, abandonné à des activistes indisciplinés, et tenter surtout de récupérer une base électorale à la veille d’importantes échéances nationales. En prédateurs rompus, mais sans vouloir prendre parti pour un camp ou un autre, ils cherchent expressément à devancer les autorités qui annonçaient samedi, par la voie du ministre de la Communication, Abdelkader Messahel, une «initiative» pour ramener la paix dans la région et asseoir une réconciliation durable entre les deux communautés rivales. Les chefs de trois formations islamistes, à savoir le MSP, Ennahda et le Front du changement, sont unanimes à voir dans la persistance des affrontements dans la vallée du M’zab «le signe indéniable de l’échec du gouvernement dans ses démarches pour circonscrire la crise». Le plus loquace d’entre eux, Abderazzak Mokri, le président du MSP, estime que «ce qui se passe à Ghardaïa est une chose vraiment déplorable. Il est de la responsabilité des autorités de trouver une solution à cette crise, parce que cela relève de leurs prérogatives», ajoutant qu’«il est aussi de leur devoir de déterminer d’éventuels fauteurs de troubles, d’en informer l’opinion publique et de les présenter devant la justice». Pour sa part, le secrétaire général d’Ennahda, Mohamed Douibi, juge que «la reprise des protestations (dans la vallée du M’zab) est la conséquence de la situation générale qui prévaut dans le pays, caractérisé par le verrouillage et la fuite en avant du pouvoir en place». Le président du Front du changement et ex-ministre, Abdelmadjid Menasra, lui, propose au gouvernement de dépêcher une mission pour enquêter dans cette wilaya afin de connaître les véritables motifs de ces troubles auxquels l’Etat, dira-t-il, «doit trouver des réponses sérieuses pour barrer la route à tous ceux qui seraient tentés de semer le chaos dans la région».
R. Mahmoudi
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