Craintes injustifiées
Par Karim Bouali – Après avoir vu passer le «printemps arabe», qui a laissé derrière lui des pays dévastés et instables, l’Algérie, épargnée, a entrepris de se «mêler» à son tour, mais à sa manière – «fraternelle» –, des affaires de ses voisins, pour des raisons de sécurité régionale, menacée, et aussi de solidarité parfaitement compréhensible fondée sur la proximité géographique et historique. Il n’est pas inutile de rappeler encore une fois la responsabilité des pays occidentaux, particulièrement les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, ainsi que celle de l’Otan, dans les drames vécus aujourd’hui par les populations de notre région pour laquelle un concept géostratégique spécial a été forgé : Mena. Pour sortir de la spirale déstabilisatrice, la Tunisie, la Libye, l’Egypte et la Syrie peuvent compter sur l’Algérie, aujourd'hui relativement stable politiquement et à l’aise financièrement. Et s’agissant particulièrement de la Libye et de la Tunisie, ouvertement visées par des opérations de type néo-colonial, il n’est pas exagéré de dire que seule l’Algérie est en mesure de les aider efficacement, tout en respectant leur souveraineté. Les Tunisiens sont échaudés par l’expérience qui a mis en évidence la soumission totale du parti islamiste, Ennahda, au Qatar. Ils deviennent subitement plus pointilleux sur la souveraineté nationale dans ses aspects essentiels : dignité nationale et refus d’ingérence étrangère. Mais leur crainte s'étend, de façon injustifiée, au voisin algérien que certains accusent à demi-mot de vouloir exercer son hégémonie sur la Tunisie. L’assistance qu’apporte notre pays à ses voisins n’a rien de commun avec l’ingérence du Qatar et ses prétentions hégémoniques, facilitées en Tunisie par le parti islamiste au pouvoir. L’Algérie a dû pâtir elle aussi plus d'une décennie durant d'une violence inouïe provoquée par le terrorisme et d'un isolement sur le plan international. Elle comprend parfaitement les préoccupations des Tunisiens. Mais ce n’est pas dans l’isolement que ces pays pourront s’en sortir. C’est l’avis de l’Algérie, réaffirmé encore tout récemment par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, à propos de l’Egypte.
K. B.
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