La finance islamique n’arrive pas à percer en Algérie
La finance islamique est loin de bénéficier de la préférence des populations de la région Afrique du Nord et de certains pays du Moyen-Orient, comme on pourrait le penser. Le phénomène, qui croit de façon très dynamique en Europe, en Asie et dans le Golfe, bute, apparemment, sur une résistance que l’on n’arrive pas pour le moment à expliquer. Ce sont là, entre autres, quelques conclusions de l’étude menée par l’institut américain Gallup pour le compte de la Banque mondiale et consacrée à la place de la finance islamique dans quatre pays de l’Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie et Egypte) et un pays du Moyen-Orient, le Yémen. Selon les résultats de cette étude publiée le 30 décembre dernier, moins de 3% des adultes dans les pays étudiés consomment des produits et services bancaires conformes à la charia : 3% en Algérie et en Egypte, 2% en Tunisie et 1% au Maroc et au Yémen. Le sondage révèle, pourtant, une certaine préférence pour les services de la finance islamique (45%) chez les personnes interrogées quand bien même ils sont plus chers que ceux des banques conventionnelles (27%). Les Marocains, selon toujours l’étude, sont ceux qui préféreraient plus les services bancaires «charia compliant», puisqu’ils sont 54% dans ce cas. Les Algériens le sont un peu moins. 49% d’entre eux déclarent avoir cette préférence, même si dans les faits les paroles ne sont pas forcément suivies d’actes. En Tunisie, 31% des sondés affirment avoir cette préférence pour la finance islamique. Cependant, l’étude révèle qu’environ la moitié (48%) des 1 000 adultes de plus de 15 ans interrogés déclare avoir entendu parler de banques islamiques dans leur pays. L’étude de l’institut Gallup ne mentionne pas les raisons à l’origine de la stagnation de la finance islamique dans la région. Elle se limite à imputer la faible consommation des services bancaires islamiques aux bas taux de bancarisation de la région Afrique du Nord-Moyen-Orient qui restent parmi les plus faibles au monde (17% en moyenne). Un argument qui, d’après certains experts, est loin d’être convaincant. Et pour cause. Au Maroc et en Tunisie, les taux de bancarisation dépassent 60%. Cela n’a pas empêché une stagnation de l’utilisation des services financiers compatibles avec la loi islamique. Présentée comme une alternative au système financier mondial frappé par une crise éthique après la crise économique et financière de 2008, la finance islamique ne pèse que 1% du total des actifs financiers mondiaux, soit entre 1 400 et 1 700 milliards de dollars. L’industrie bancaire islamique est tirée principalement par la Malaisie et certains pays du Golfe. Le nombre des institutions financières «halal» a, quant à lui, dépassé 600 établissements opérant dans 75 pays.
Amine Sadek
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