Une rescapée d’In Amenas : «La prise d’otages a sans doute été facilitée par des complicités»
Un an après la terrible attaque terroriste du site gazier d’In Amenas, une survivante revient sur ces dramatiques événements et jette un véritable pavé dans la mare. Dans un entretien à l’hebdomadaire français JDD, Murielle Ravey, infirmière urgentiste, affirme qu’une prise d’otages d’une telle ampleur n’aurait pas pu être effectuée aussi rapidement et facilement sans l’existence de complicités à l’intérieur du site. «La prise d’otages a sans doute été facilitée par des complicités et par un relâchement de la sécurité sur le site dans les semaines précédant l’attaque», fait remarquer cette infirmière de nationalité française qui relève dans ce sillage la faillite totale de la sécurité du site, dirigée par un Britannique. Il s’agit de Paul Morgan, l’un des premiers expatriés à mourir lors de l’attaque. Ce chef de la sécurité du site s’est confié à Murielle Ravey quelques jours avant la prise d’otages. «Il s’est confié à moi comme beaucoup de travailleurs employés sur le site et il m’a avoué qu’il achevait sa dernière vacation, qu’il s’en allait, que la sécurité lui échappait totalement et qu’il ne pouvait plus rien contrôler», souligne-t-elle dans le même entretien. Ce directeur de la sécurité du site lui avait également fait état de «la venue récente d’hommes en armes dans les bureaux de l’usine, ce qui est formellement interdit». «Lorsque je suis revenue de mes vacances de Noël le 27 décembre, le couvre-feu avait été décalé d’une heure sans que personne ne l’explique», témoigne-t-elle encore, s’étonnant ainsi de ce relâchement sécuritaire dans une zone désertique proche de foyers de guerre (Libye, Mali…). Autre point relevé par cette rescapée : c’est le fait que British Petroleum et Statoil n’avaient pas procédé à la réactualisation des protocoles de sécurité pour les faire adapter au nouveau contexte marqué par un risque accru d’attaques terroristes suite à la chute du régime de Kadhafi et le chaos qui s’est installé en Libye frontalière. Un constat qui remet au grand jour la question de la sécurité des sites pétroliers qui devrait être totalement repensée. L’infirmière urgentiste a également affirmé n’avoir jamais eu peur comme à Tiguentourine du fait que les terroristes étaient d’un déterminisme jamais vu même lors de ses missions au Kosovo. «Non seulement parce qu’on savait que les terroristes se livraient sur la base de vie, dont nous étions éloignés, à des exécutions sommaires, mais parce qu’on a ¬entendu par radio l’un de leurs chefs menacer de faire sauter l’usine», raconte-t-elle, confirmant ainsi la version officielle du gouvernement algérien sur la volonté des terroristes de faire sauter le complexe gazier. Un plan qu’ils n’ont pas pu mettre à exécution grâce à la célérité et l’efficacité avec laquelle les forces spéciales algériennes sont intervenues.
Hani Abdi
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